Là où chantent les écrevisses de Delia Owens nous raconte l'enfance puis l’adolescence de Kya, jeune fille vivant avec sa famille dans les marais au bord de l'océan, à côté d'une petite ville côtière de caroline du Nord, dans les années 60. Le roman va alterner les saut à chaque chapitre entre l'enfance de Kya, progressivement abandonné par sa mère qui fuit la violence de son mari, puis son frère qui suit le même chemin, puis ce père violent qui disparaît à son tour.
Kya va alors se lier d'amitié avec Tate, jeune adolescent de la petite ville côtière qui espère devenir scientifique et qui au passage va se lier à Kya et lui apprendre à lire (Kya ayant réussi à fuir les services sociaux qui voulait l'amener à l'école). On suivra aussi le lien de Kya au jeune prodige de la ville, Chase Andrews, caricature du jeune américain promis à un grand avenir (il est, c'est d'une grande originalité, quarterback).
Chase Andrews va être au centre de l'autre partie du roman, l'enquête qui entoure son meurtre puisque le premier chapitre nous apprend que son corps vient d'être découvert au cœur du marais.
La première partie du roman est très plaisante, on s'attache rapidement à « la fille des Marais ». Elle m'a fait penser à Turtle de My beautiful darling, ou Lucy de Lucy in the sky ; des personnages féminins avec une enfance peu réjouissante qui parviennent à s'extraire de leur condition par le simple fait d'exister. La description des marais est très riche, l'autrice étant zoologiste. On sent au travers des yeux de Kya l'amour que Delia Owens porte à ces marais, presque autant qu'à ses personnages.
La 2e moitié du roman retombe un peu à plat. La relation entre Kya et Chase Andrews arrivant un peu comme une écrevisse sur une branche. Ca semblait forcé et peu cohérent avec le portrait de Kya que l'on nous avait brossé jusqu'alors. Même l'enquête semble baclé, nous présentant des pistes et des contre-pistes très grosses que l'on suit parce qu'il le faut bien mais qui ne duperont personne ayant déjà lu 2 ou 3 romans policiers. De même, les poèmes qui émaillent le texte font un peu forcé, comme si Kya devait elle aussi avoir sa caractéristiques caricaturale de l'enfant autodidacte qui forcément adore la poèsie
(et le deus ex machina en lien avec cette poésie à la fin du roman n'arrange rien).
Au final, le roman est plaisant, les allers retours entre passé et présent nous gardent en haleine. Mais tout devient très convenus et assez peu surprenant. Reste un agréable voyage dans ces lieux que j'avais peu croisé dans des œuvres de fictions : les marais, et les animaux qui y nichent ainsi que les humains qui s'y réfugient. Bien loin de la promesse d'une héroine inoubliable, on est quand même sur une lecture plaisante, bien qu'on ai tendance à s'enfoncer dans les clichés et avoir du mal à s'extirper de la boue de ces marais.