Pièce en un acte du dramaturge Georges Courteline, "La paix chez soi" dit bien ce qu'elle veut dire en mettant en scène un couple parisien aux prises avec un sérieux règlement de comptes.
Edouard Trielle, feuilletoniste, entend remettre "à sa place" son épouse Valentine, dépensière et querelleuse, qui vient lui réclamer comme chaque mois "l'argent du ménage". Or, à la grande surprise de la jeune femme, son mari a soustrait de la rente mensuelle une somme importante d'amendes correspondant par le détail à toute parole ou acte qu'il considère comme un manquement à ses devoirs conjugaux : insultes, grimaces, bouderies, colères, mots malheureux, retards dans les tâches ménagères, mauvaise volonté, tout y est soigneusement indexé et retranché du budget commun.
Bien que son procédé soit malicieux et bien pensé, j'ai pris un plaisir mitigé à la lecture de cette pièce, sans doute parce qu'elle se joue entièrement au détriment de Valentine - et plus généralement de la femme. Une misogynie qui s'explique parfaitement par le contexte (la pièce a été donnée en 1903) mais qui m'a empêché de goûter pleinement l'ironie de l'auteur.
Sans aller jusqu'au pamphlet, "La paix chez soi" s'acharne avec soin et méthode sur la gent féminine, jusqu'à laisser poindre la caricature. Hier comme aujourd'hui, il semble que ces messieurs soient bien malheureux en compagnie des femmes, le cynisme de la chose étant qu'ils la recherchent toujours avec entêtement.