Et si Hitler avait été accepté à l'école des Beaux Arts de Vienne ?
Dans La part de l'autre, Eric-Emmanuel Schmitt établit un parallèle entre la vie d'Hitler, l'homme qui amena 6 millions de juifs à la mort, et Adolf H., le peintre. On est face à deux personnalités aux antipodes l'une de l'autre, le premier évoluant dans sa folie et son antisémitisme, le second restant plus pacifique, et marié à une jeune femme juive.
Peut-être qu'Eric-Emmanuel Schmitt est allé un peu trop loin dans la création du Hitler virtuel. Il n'est pas obligé de devenir aussi tolérant pour qu'on comprenne qu'il n'aurait pas été la même personne si il n'avait pas essuyé un refus dans sa vie d'artiste.

C'est aussi intéressant que dérangeant. On se prend au jeu, mais finalement, on se sent gêné de lire avec attention les aventures d'un homme qui a changé la face du monde d'une telle façon. Comme dans tout roman avec personnage principal, on ne peut que s'y identifier. Et quand il s'agit d'Adolf Hitler, ce n'est pas facile à accepter.
Je n'ai pas lâché le livre pour autant. Je l'ai lu page par page avec une attention toujours égale, que le paragraphe s'attache au véritable Hitler ou à son fantôme. Il faut oublier sa gêne et considérer Adolf Hitler comme un homme à part entière. Aussi difficile soit-il.
C'est ce que Eric-Emmanuel Schmitt recommande dans le Journal de La part de l'autre, les quelques pages à la fin du livre dans lesquelles il exprime son ressenti vis-à-vis de son travail. J'ai personnellement apprécié cette postface; après un tel récit, il est toujours agréable de se rendre compte de ce que l'auteur a vécu durant sa rédaction. Cela aide à se forger une opinion sur le roman.
Schmitt est-il antisémite? Admire-t-il Hitler? Non, bien au contraire. Hitler est un monstre et il le reconnaît, mais son histoire mérite néanmoins de s'y intéresser sans pour autant pardonner ses actes. On peut se passionner pour un être que l'on exècre.

Chacun peut prendre ce livre comme il l'entend. Un récit historique, un exercice de destins croisés nous apprenant que chaque décision compte dans le déroulement de notre existence, un roman polémique... La part de l'autre est certainement tout ça à la fois.

Je viens de refermer ce livre, et je le recommande à quiconque doté d'un esprit critique suffisant pour ne pas le prendre comme un endoctrinement.
Sedgewick
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le 15 oct. 2010

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