Tout cet essai repose sur une seule idée : le destin de l'univers est un accomplissement inutile et infini et celui de l'homme est de poursuivre cet accomplissement suivant un principe fondamental, à l'œuvre aussi bien dans la nature que dans les activités humaines, le principe de la dépense improductive. Bataille est tellement convaincu de ce principe qu'il en voit les manifestations un peu partout : dans l'énergie du Soleil, dans l'acte sexuel, dans le sacrifice humain, dans la fête, dans le système économique du Moyen Âge etc. À première vue c'est la démonstration la moins crédible de l'histoire de la philosophie depuis la fin des systèmes philosophiques, mais on y trouve quand même plein d'intuitions brillantes et de perspectives nouvelles... et au bout du compte c'est presque touchant de voir ce poète raté croire si fort en son intuition qu'il s'accommode des disciplines scientifiques les plus diverses pour justifier son idée mystique « d'énergie excédante traduit dans l'effervescence de la vie ». Partant de cet essai il avait même l'intention d'écrire une Histoire universelle...Il flyait totalement le Georges. Malheureusement pour lui Wittgenstein a enterré la métaphysique presque 30 ans avant La Part maudite. Georges est donc maudit à plus d'un titre, à la fois visionnaire et totalement dépassé et c'est ce qui le rend aussi passionnant que touchant. De toute façon, rien que pour avoir critiqué l'économie capitaliste en se basant sur un argument mystique, ça vaut 8/10.