Mais que je l'aime cet auteur éclectique et touche à tout de génie !
Et voilà qu'il s'attaque au voyage dans le temps, et avec le voyage dans le temps, à notre Histoire. Histoire que je n'ai découvert et appréciée que sur le tard de ma vie (et pas du tout à l'école quand j'étions jeune, entendons-nous bien, sauf pour les périodes antiques qui, malheureusement, étaient brièvement survolées en un an). J'avoue que je n'ai même pas assez de connaissances dans le domaine pour apprécier à sa juste valeur le génie d'Anderson ici, c'est dommage, mais bon, l'art des choix est difficile, et je ne peux pas tout lire ni savoir, c'est ainsi. ;)
Le personnage de Manse Everard n'est pas du tout manichéen, quoi que très fidèle à la tâche qui lui a été donnée par les créateurs de la Patrouille du Temps, les Danelliens (les humains dans très très très très longtemps, si j'ai tout bien compris). Et cette tâche c'est maintenir à tout prix l'Histoire de la ligne temporelle qui a mené à leur existence et à la création de la Patrouille du temps.
Sous peine de voir disparaître tout ce qu'il connait en un clin d'oeil. Ce qui bien évidemment va finir par arriver dans la dernière nouvelle de ce tome qui le clôt d'une façon magistrale.
La première nouvelle, de mise en place et où l'on s'habitue au fonctionnement de la Patrouille du temps, n'est pas la meilleure de mon point de vue, mais elle est indispensable à comprendre la suite, qui fait d'Everard un voyageur temporel non attaché à une époque, mais qui va aller et venir un peu partout dans le temps, les pays et l'Histoire de notre monde. Forcément.
Dans chaque nouvelle, Manse est accompagné d'une sorte de faire-valoir moins droit et moins sûr de lui, qui donne un contrepoint intéressant à ses réflexions.
J'ai adoré "Le Grand Roi", dont la morale finale pourrait être "fais attention à ce que tu désires, tu pourrais l'obtenir".
Outre l'idée géniale qui la sous-tend, c'est vraiment un formidable moment passé dans la Perse Antique.
J'ai adoré "les chutes de Gibraltar" dont je ne sais si elles décrivent la réalité de ce qu'il s'est passé ou si c'est juste sorti de l'imagination de l'auteur, mais que c'est beau, que c'est poétique, que c'est immense de talent. Tellement bien écrit qu'on s'y croirait.
Dans "échec aux Mongols", on attaque les choses sérieuses, à savoir les modifications potentielles de la "ligne temporelle à ne pas modifier"... Une superbe nouvelle qui laisse songeur avec des "et si" plein la tête...
Bref, j'adore Poul Anderson, depuis le premier livre que j'ai lu de lui et que je dois à une opération Masse Critique Babelio et aux éditions le Bélial,c'était "l'épée brisée", et je ne les remercierai jamais assez pour ça...