il faut se rendre à l’évidence : il y a longtemps que le fantastique avaient besoin de ce genre de récits denses et fouillés, remarquablement malsains.

D‘abord, l’île déserte. Idéale, pour le narrateur, dont le passé l’oblige à fuir, et qui s’accommode très bien de l’isolement -on a quelques détails de ce passé, plutôt flous, principalement politiques. Idéale aussi parce que l’île déserte est un code du fantastique et de l’horreur. Quand le narrateur débarque sur cette île, et que l’on découvre en même temps que lui le phare, planté de clous rouillés et cerclé par des barrières de fer, on constate avec bonheur que le décor, premier élément primordial du genre fantastique, a été dessiné avec précision.

Doucement, le récit va glisser vers l’horreur -la première nuit avec les créatures (cf. extrait ci-dessus), et les suivantes- puis la critique sociale. Car la situation du narrateur et de son "compagnon", Batís Caffó, attaqués tous les soirs par ces monstres de mer, va finir par poser la question de l’envahisseur. Qui, des créatures ou de Batís, a attaqué le premier ? Qui se défend ? A partir de là, c’est la notion d’humanité qui est mise en avant. C’est finalement, un huis clos philosophique, qui a eu la bonne idée de ne pas négliger l’atmosphère, malade et malsaine, qui flotte sur cette île, et, surtout, entre ceux qui y vivent.

Pour conclure, une écriture riche, très dense, aux influences discrètes. L’auteur a le sens du détail, possède ses personnages. C’est un récit humain, aussi pessimiste que pertinent.
Sarah_Beaulieu
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le 15 janv. 2014

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Sarah Beaulieu

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