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La petite Bébeth est la troisième Petite Bulle d’Univers parue chez Organic en 2005. Le principe de ces créations est de réunir plusieurs artistes qui conjuguent leur inventivité pour obtenir au final une nouvelle graphique peu ordinaire. Généralement c’est le plasticien qui commence le travail. Cette fois, c’est à Laura Vicédo que revient cette lourde tâche d’initialisation. Cette artiste crée des sculptures à base d’objets récupérés. C’est cette idée de récupération qui va germer et donner naissance au texte.

Mais revenons aux sculptures. Comme toujours, chaque artiste voit ses œuvres reprises au fil des pages et les sculptures de Laura Vicédo valent le détour. Qui pourrait imaginer qu’un objet délaissé, voire en voie de décharge, puisse retrouver une seconde vie sous les doigts experts et l’œil vif d’un artiste. Vie. Le mot est lancé. Les objets ne sont pas dotés de vie, par essence, mais l’art à cette magie qui permet de laisser l’imagination de ceux qui l’observent créer des mondes où tout est possible. En assemblant ces objets hétéroclites, Laura Vicédo leur donne des visages, plus encore des expressions surprenantes, bref leur insuffle une vie.

C’est de ce souffle que Li-Cam s’est inspiré pour écrire le texte. Cette vie, bien différente de la nôtre, par son histoire et par ses valeurs, c’est celle de d’Elizabeth, Beth. Celle qui est née trop tôt et qui, malgré ses huit ans, pense déjà différemment des autres enfants, pense en adulte. Celle que sa mère protège comme la poupée de porcelaine qu’est l’enfant handicapé, l’enfant autiste. L’amour d’une mère, sa protection sont des biens précieux, mais aussi des entraves quand on a toute une vie à construire. Surtout quand votre esprit est déjà prisonnier d’un corps si difficile à maîtriser.

Alors Beth devient Bébeth, l’héroïne des histoires qu’elle invente. C’est Bébeth qui vit la vie rêvée pour Beth, un peu comme par procuration. L’imagination passe les frontières du corps, des convenances, des lois du monde et offre à Beth la liberté salvatrice qui va l’émanciper finalement de sa vieille compagne, la mort. Nous sommes tous des Beth, mais nos carcans ne sont pas toujours nos corps, il faut alors les trouver ces entraves discrètes pour s’éveiller à la vie et à la liberté.

C’est Philippe Aureille qui a photographié les œuvres de Laura Vicédo et qui a mis en scène le texte de Li-Cam dans ce bel objet. La poésie, les émotions, la force de tous ces modes d’expressions artistiques réunis font de cet ouvrage quelque chose de fort, qu’on a du mal à oublier. La brièveté n’en donne que plus d’intensité. Vraiment ces petites bulles d’univers portent une vie, une liberté si belle qu’il serait dommage de ne pas aller à leur rencontre. Non pour se sentir meilleur, mais pour se sentir, soi.
Bobkill
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le 18 juin 2013

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