La petite dernière de Fatima Daas m'a été offert par ma sœur.
Je vois très bien pourquoi il lui a plu, mais je n'étais clairement pas le public cible et je suis passé à côté de ce 1er roman (à moins que ce soit lui qui soit passé à côté de moi). En tout cas la rencontre n'a pas eu lieu.
Il y a pourtant de nombreux points positifs. Le style, concis et percutant, entêtant et poétique permet de lire d'une traite ce cours roman. Les anaphores de début de chapitres m'ont évoqué des psalmodies, ou un coup de pinceau répétitifs, encore et toujours le même, pour dessiner un personnage. Chaque début de court chapitre commence par un trait, un pan de cette personnalité complexe. D'abord ce que les autres aimeraient qu'elle soit, ce qu'elle pense être, ce qu'il faudrait qu'elle soit. Puis le chapitre se déroule et nous la présente telle qu'elle est vraiment, telle qu'elle pense être vraiment.
On cherche son souffle, à travers ses phrases courtes, écho de son asthme. On saute du coq à l'âne entre 2 chapitres, tiraillé entre ses multiples identités. A force de répéter ces débuts de chapitres, on comprend petit à petit, en négatif, qui est la narratrice. Comment elle est tiraillé entre ses multiples facettes, sans parvenir à les unir. Schizophrénie étymologique. Dissociation épistémologique.
Mais tout comme sur le fond je suis passé à côté, j'ai eu l'impression que sur la forme, on m'a fait des promesses qui n'ont pas pu être tenu. « Je jure sans promettre ». J'aurais aimé plus de développement des autres personnages qui croisent la route de la narratrice. Ici, on reste sur le seuil de son esprit, où elle ne nous laisse pas totalement entrer non plus.
Je suis resté entre 2 eaux, tout le long de ce 1er roman. Il est pourtant percutant, une nouvelle branche du féminisme radicale. Il y a du Despentes ou du Coffin dans ces lignes. J'ai hâte de lire ce que proposera cette autrice à l'avenir, et je regrette un peu de ne pas avoir eu les codes ou les capacités de mieux accueillir ce qu'elle propose dans ce premier texte.