Vous voulez voir du pays? Allez donc passer un moment à la Cosse et vous mêler à ses habitants qui ont tous leur "je ne sais quoi" de singulier, et à cette vie simple, rurale, que l'on menait autrefois (il n'y a pas si longtemps que ça)... Enfin, simple, si on peut dire, parce que le sort réservera plus d'une péripétie aux deux bessons de la Bessonnière. Car tous les destins se croisent astucieusement dans ce pays où l'on raconte de drôles d'histoires à propos de fadets et de feux follets...
Mise à part l'histoire envoûtante des trois personnages principaux inédits, aujourd'hui le roman a d'autant plus d'importance à mes yeux que la plume de l'intrépide George Sand a inscrit sur le papier la mémoire de toute une époque maintenant oubliée ou méconnue. Elle nous livre un témoignage de la France profonde du Berry, avec ses personnages hauts en couleur, ses traditions, ses mythes et surtout, laisse une trace bien vivante de la langue locale d'alors qui n'existe guère plus que dans ces précieuses pages jaunies où elle est enfermée. C'est presque une véritable relique de la langue française qualifiée aujourd'hui de "vieillie" ou de "peu usitée" et qu'on bannit des dictionnaires académiques au profit de mots plus modernes - sans dire plus fades. "La petite Fadette" est donc un récit aussi précieux qu'enchanteur, aux teintes fantastiques qui vous tient en haleine jusqu'à la fin. Enfin, on peut dire que George Sand a la main pour dépeindre l'évolution et la métamorphose des sentiments humains dans toute leur justesse et leur poésie.
Loin du roman pittoresque insignifiant - de la fadeze provençale - Fanchon fadette (vrai nom de la petite fadette) vous tend la main pour vous entrainer dans son monde aux mille contes, décrit dans notre chère langue de Molière qui se voit chaque jour un peu plus dépossédée de ses joyaux...