Ce conte est une atrocité totale. Déjà lorsque j'étais enfant, il faisait naitre des sentiments étranges et surtout une immense peine. Je l'ai lu à mes filles et elles en ont pleuré aussi. Andersen écrit les contes les plus glauques qu'il m'ait été donné de lire et il faudrait que je me penche sur sa bio car il a dû avoir une putain de vie de merde pour être tout le temps en dépression comme ça ou bien c'est seulement l'effet du climat pérave de son pays froid.
Cependant, glauque et triste c'est sûr, La petite fille aux allumettes est tristement cruel car miroir de la réalité, de ce sombre XIX è s. où la pauvreté et la misère ont tué des millions d'Européens et en ont poussé autant vers l'exil américain. On a peine à croire aujourd'hui que des parents laissaient mourir de froid et de faim leurs enfants sans même leur offrir un semblant d'amour... et pourtant.... Andersen dit crument la vérité, pas destinée aux enfants car ses contes sont de toute évidence faits pour les adultes. Les enfants de son temps la savaient trop bien la vérité.
Ce qui m'émeut et me dérange le plus dans cette histoire comme dans d'autres contes de l'auteur, c'est le rapport à la foi, lumière éternelle dans ce désespoir si rampant. "L'opium du peuple" est ici compris pleinement, c'est la seule substance qui calme à la fois la faim, le froid, la fatigue, la lassitude et la solitude de l'innocent, l'enfant victime de la société inhumaine dans laquelle il a eu le malheur de naître. Et effectivement, avec la petite fille, on partage la joie de cet au-delà pansant toutes les peines d'ici-bas.