Réfugié dans un hameau abandonné et désert tandis qu’une tempête annoncée tarde à venir, le narrateur perçoit chaque soir une petite lumière dont il décide d’aller chercher la source. Au terme d’un voyage dans une forêt animée, il découvre une petite maison où vit un enfant. Une relation s’ébauche alors entre les deux personnages.


Antonio Moresco écrit dans une lettre à son éditeur « c’est une histoire qui surgit d’une zone profonde de ma vie, c’est comme une petite boîte noire », et commence ainsi son récit « je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant »


On ne sait jamais réellement où l’on est ni qui est le narrateur ou plutôt ce qui a pu se passer dans sa vie pour qu’il choisisse de s’isoler dans ce hameau en ruine, inhabité, en pleine nature. Chaque nuit, toujours à la même heure, s’allume soudain une petite lumière…


La marche rythme ses journées, la nature s’avère dangereuse : grêle, secousses sismiques, les plantes pourrissent, les insectes grouillent, les chiens sont agressifs. L’auteur a une façon très particulière de dépeindre la nature omniprésente et inquiétante. La frontière entre les vivants et les morts se révèle bien fine.


Entre fable et récit, ce texte parle incontestablement de solitude et de mort. Ce n’est pas tant la mort qui interpelle, mais cet isolement souhaité et non expliqué. L’auteur nous fait partager ses interrogations métaphysiques sur l’absurdité de la vie et son écriture laisse une empreinte profonde. Ce livre renvoie au film le Mur invisible de Julian Roman Pölsler par les thématiques abordées : l’histoire d’une femme qui se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers et s’engage dans une aventure humaine bouleversante.


L’auteur nous immerge doucement dans un univers mi-philosophique ou mi-onirique avec une écriture épurée. Toutefois, les descriptions donnent une allure crépusculaire et angoissante au récit partagé entre réalisme et merveilleux. Il est préférable de s’isoler, au calme, sans interruptions intempestives lors de cette lecture.


Ce court roman est une vraie pépite, une réussite littéraire par les questions qu’il soulève et par les perspectives. La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l’existence.

carnetsderoute
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le 12 mars 2017

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