"Je préfère que tu le découvres tout seul, page après page, et ne pas te gâcher la surprise" écrit Antonio Moresco à son éditeur à propos de La petite lumière. Tout au long de cette critique je vais tâcher à mon tour de ne "pas vous gâcher la surprise", et pour cela je ne ferai que suivre le conseil de l'auteur, vous inviter à la "découvrir tout seul".


La solitude, allez-vous me dire, est la condition première à toute lecture, mais dans ce court texte, elle dépasse ce rôle tutélaire pour devenir expérience.
Dans cette narration à la première personne règne une présence, tantôt angoissante, voire terrifiante, parfois tendre et loufoque, mais toujours obsédante: celle de la nature. Notre protagoniste vit seul dans un hameau en ruine où la nature regagne ses droits sur l'oeuvre des hommes. La solitude de ce personnage n'est pas traitée psychologiquement, Moresco n'a pas recourt à l'introspection pour nous décrire les états d'âme de son héros; au contraire cette solitude est extériorisée par les**relations de l'homme entretient avec son environnement**.


C'est tout en poésie que Moresco parvient à faire interagir cet homme et son milieu que ce soit en établissant un dialogue avec les "folles hirondelles" et leur psychiatre ou en décrivant avec humour et finesse les funestes adieux à un papillon dans la cuvette des toilettes. Cette relation première de l'être-au-monde n'est pas sans donner des airs de petit prince à un adulte accompli qui, comme le personnage de Saint Exupéry est "venu ici pour disparaître". Tout comme le petit prince, notre homme va de chapitre en chapitre faire l'expérience de sa solitude à travers l'inattendu de son quotidien.



"Solitudes existentielles", un pluriel pour parler d'un héros solitaire ?



J'ai promis de ne pas vous gâcher la surprise, mais je ne peux pas m'empêcher de vous en parler: la rencontre de deux solitudes, deux modes de vie en apparence incompatibles mais ne vont faire qu'un. Cette spectaculaire rencontre, c'est peut être celle de l'auteur et de son lecteur, deux êtres qui sont, sans le savoir, sans le vouloir, en quête l'un de l'autre au fil des mots.


Je vous invite donc vous aussi à faire cette expérience, "à disparaître dans ce hameau" de poésie solitaire, pour en ressortir moins seul que jamais.

CharlesCrtn
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le 25 août 2015

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Charles Creton

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