Depuis la reprise de mes critiques en ligne, les albums jeunesse se font rares. Il faut souligner que mes enfants -hélas, trois fois hélas- ne veulent désormais plus que je leur lise des histoires. C’est qu’ils ont grandi mes monstres… Je dois bien avouer que ce moment de lecture à voix haute me manque… Bref, tout cela pour t’expliquer pourquoi, ami-lecteur, les albums jeunesse se font rares… En voyant que j’avais mis de côté cette catégorie depuis janvier, j’ai farfouillé un peu dans ma bibliothèque pour dénicher un bouquin à vous chroniquer et j’ai donc choisi *La petite Sorcière*...
En vérité je n’ai pas acheté ce petit ouvrage pour mes enfants. Nan… C’est pour moi, juste pour moi, que j’en ai fait l’acquisition ! Ce n’est pas tellement qu’un de mes passe-temps soit la lecture d’albums pour les enfants mais parce que j’ai une grande admiration pour le travail de l’illustrateur de *La petite Sorcière* : Benjamin Lacombe. J’aime son univers sombre et enfantin, ténébreux et gracieux...
Bien que monsieur Lacombe travaille aussi bien sur des textes pour adulte que pour enfant, ici il s’agit d’une histoire jeunesse. Je dirais à partir de 6 ans accompagné ou de 8 en lecture seul... Une histoire très courte et qui va à l’essentiel.
Au terme de ma relecture pour écrire cet avis, je me retrouve avec une impression désagréable… Une impression que j’ai déjà eu l’occasion de ressentir lorsque je chroniquais un roman graphique fin octobre 2020, *[Juste un peu de Cendre][1]*. Cet inconfort provient du décalage entre le graphisme et le texte. Comme pour la BD que je viens de mentionner, *La Petite Sorcière* mériterait deux notes, une pour son texte, une pour ses illustrations. Mais entrons un peu plus dans les détails…
Concernant la contribution de Benjamin Lacombe, outre la qualité indéniable de ses illustrations, je suis obligée d’aborder la question de son univers. En effet, il fait du Lacombe. C’est à dire qu’on ne saurait confondre son travail avec celui d’un autre artiste. Il s’agit donc ici d'une question de sensibilité, si on aime ce qu’il fait alors on appréciera les illustrations de *La petite Sorcière*. Dans le cas contraire, il n’y a pas grand-chose à en dire. Comme je l’ai dit plus haut, j’aime les productions de monsieur Lacombe et donc, ici encore, j’ai adoré laisser mon œil s’attarder sur les pages.
Quant au texte… Je sais que Perez et Lacombe forme un duo depuis longtemps, puisqu’il me semble que leur première collaboration remonte déjà à 2007. Et La petite Sorcière est le premier bouquin issu de ce partenariat que je lis. Monsieur Perez a une plume agréable et un style classique. L’histoire de Lisbeth est très courte, trop courte à mon sens… Cela ne m’a pas aidée à m’attacher aux personnages. Si le texte n’est pas mauvais, loin de là, il est oubliable. Les illustrations l’enrichissent mais cela ne suffit pas, il manque quelque chose. Des pages peut-être, histoire de développer le récit ? Franchement, j’étais à un cheveu de lui coller une mauvaise note. Heureusement qu’un élément m’a permis d’éveiller mon intérêt : la manière dont l’auteur traite de l’archétype de la sorcière. En effet, les sorcières ne sont pas, ici, des créatures limitées au paranormal, elles sont des femmes fortes, puissantes et il y a chez elles quelque chose de profondément féministe.
Bref, La petite Sorcière est une jolie histoire dont les défauts sont en grande partie compensés par la qualité des illustrations et en nous présentant une image moderne de la sorcière. Sympathique mais sans plus…