La piscine était vide par jerome60
Célia, 16 ans, vient d’être acquittée. Ce verdict sonne pour elle comme un soulagement. C’est de sa vie qu’il s’agit. « Une vie foutue mais une vie à vivre ». Une vie qui ne dure qu’un jour, avec, chaque matin, le même objectif : « atteindre la fin de la journée. Sans pleurer. Sans craquer. Sans devenir folle. »
Tout s’est joué en quelques secondes au bord d’une piscine vide. La jeune fille chahutait avec Alex, son petit ami. Un moment de déséquilibre et il est tombé la tête la première. Mort sur le coup. La mère du garçon a vu la scène de la fenêtre de la cuisine. Elle a accusé Célia d’avoir poussé son fils. Parole contre parole. Détention provisoire, procès, acquittement. Célia se confie, exprime sa souffrance, remonte le fil des événements avant et après la tragédie. D’une seule voix.
Une grosse claque ce texte. Le témoignage est saisissant. Sans pathos. Sans colère ni amertume, même vis-à-vis de son accusatrice, qu’elle ne porte pourtant pas dans son cœur : « Je ne crois pas que je lui en veuille. Je la déteste mais j’imagine que si c’était elle qui avait été au bord de la piscine, chahutant avec son fils, et moi dans sa cuisine à les épier de loin, alors oui j’aurais vu ce qu’elle a vu, oui je l’aurais accusée d’avoir poussé Alex bien qu’elle soit sa mère. Parce qu’une mort aussi bête est sûrement plus facile si on lui attribue un coupable. »
La voix de Célia dit l’impossible retour en arrière, la douleur, l'avenir en pointillé, l’amour perdu à jamais : « Parce que oui, je l’aimais, je l’aimais pour la vie. Et aujourd’hui, il est parti. Et aujourd’hui je voudrais pouvoir l’oublier pour avoir moins mal. Et aujourd’hui je ne voudrais surtout pas l’oublier. Que jamais il me quitte. »
Et puis cette fin, terrible, dont je ne peux pas vous parler... Une claque je vous dis.