Recueillie par le baron de Rochecourt à la mort de sa mère, Marie, fille de servante, a été élevée avec les enfants du château avant de devenir l’aide-gouvernante de la famille. En ce matin de mai 1650, l’ébullition règne dans les couloirs de l’immense bâtisse. Le baron attend l’arrivée de son ami Pierre Corneille, qui va passer trois semaines parmi eux. Marie, connaissant par cœur les textes du tragédien et écrivant elle-même à ses heures perdues une pièce de théâtre, se réjouit à l’idée de rencontrer un si grand homme de lettres, tout en sachant bien que sa condition ne lui permettra pas d’entrer directement en contact avec lui.
Publié pour la première fois en 2011 ce roman historique réédité l’an dernier vient de remporter le prix Unicef de littérature jeunesse (catégorie collège). Un prix dont la thématique était l’égalité, notamment l’égalité filles-garçons. Une question centrale dans ce texte où, en plus d’être une fille de servante, Marie, de par son statut de femme, ne peut voir ses talents d’écrivain reconnus à leur juste valeur. Clémentine Beauvais traite le sujet avec intelligence. Elle montre à quel point la société de l'époque ne pouvait considérer les femmes autrement que comme épouses et mères, toutes celles s'écartant de ses fonctions étant forcément des dames de mauvaise vie.
Un texte délicieux, enrichi par un vocabulaire et des tournures de phrases "précieuses" typiques du 17ème siècle. La thématique abordée reste malheureusement d'actualité aujourd'hui, même si des progrès ont évidemment été accomplis.