Porte d'entrée vers l'uchronie
L’uchronie est un genre littéraire qui réécrit l’Histoire en modifiant un événement-clé du passé. La modification de cet événement entraîne une suite de changements, offrant alors un présent alternatif au lecteur. Le choix de l’événement ou date de divergence est décisif dans le processus d’écriture. En gros, l’uchronie s’écrit sur des Si.
Dans La porte des mondes, la date de divergence se situe en 1348, date de l’épidémie de Peste Noire. On estime que 30 à 50% de la population européenne a péri des suites de cette épidémie. Silverberg, lui, imagine ce qu’il se serait passé si ce chiffre avait atteint les 75% : l’Europe, considérablement affaiblie, n’aurait pas pu résister aux invasions turques, aurait été islamisée, n’aurait pas colonisé le Nouveau Monde.
Voilà l’Europe telle que nous la présente Dan Beauchamps, un Anglais originaire de New Istanbul (comprendre Londres, vous suivez ?) qui entreprend un voyage vers les Nouvelles Hespérides (l’Amérique) pour trouver l’aventure, la richesse et le pouvoir. Dan pose alors le pied à Tenochtitlan, l’actuelle Mexico, en 1963 et est le témoin d’une civilisation riche et dominante qui a eu tout le temps pour conquérir l’Amérique. Là-bas, Dan vit tout un tas de péripéties, rencontre de nombreux personnages et doit très souvent choisir entre deux solutions (suivre l’un ou l’autre, partir vers le nord ou le sud, privilégier le pouvoir ou l’amour…), ce qui nous amène à ce concept de porte des mondes.
Si la forme de l’uchronie et le concept de porte des mondes sont fort intéressants, l’aventure de Dan l’est un peu moins mais reste tout de même divertissante. Les rebonds sont nombreux et laissent penser que La porte des mondes est en fait un roman jeunesse, qui frise le roman d’apprentissage et n’est pas sans rappeler Candide. À lire pour découvrir le monsieur ou le genre.