La Première Chose qu'on regarde par Emeralda
C'est une totale découverte du style de Grégoire Delacourt car même si j'en ai eu beaucoup envie, je n'ai pas lu son second ouvrage publié qui fut d'ailleurs un beau succès : la liste de mes envies. Cela tombe pas si mal car d'après ce que j'ai pu entendre, la première chose que l'on voit a été écrit en réalité avant. Je lirai donc plutôt les ouvrages dans leur ordre d'écriture.
Entre Arthur Dreyfuss et Scarlett Johanson, il y a plus qu'un univers qui les sépare. C'est un excellent point de départ à mon sens que de prendre pour personnages principaux deux individus qui n'ont rien commun. Il y a le banal et le rêve. Il ne devrait jamais se rencontrer dans la réalité et pourtant.
Enfin, c'est une illusion à laquelle on peut croire un instant, comme Arthur. Elle n'est pas plus improbable que bien des promesses que notre société de consommation occidentale veut nous faire avaler. L'image, le paraitre, ce qui émane de nous fait ce nous sommes censé être, forge notre pseudo identité. Quelle bêtise et cependant, en étant objectif, c'est bien ainsi que marche le monde... On est en représentation tout le temps même nous les personnes lambdas (réseaux sociaux, au travail, à la boulangerie...). On peut vite se perdre...
Beau sujet donc, mais j'avoue ne pas avoir complètement cédé aux charmes de l'écriture de l'auteur. Parfois, j'ai trouvé le style un peu trop ampoulé par rapport aux faits évoqués. Les retours en arrière, les digressions m'ont déstabilisé. La documentation est fouillée, mais trop étalée de manière brute dans le corps du texte.
Ce n'est pas mal d'être un peu bousculé parfois dans ses lectures. J'apprécie justement ne pas toujours avoir l'impression d'avoir déjà lu le livre sous un autre titre avec un autre auteur, mais là cela m'a un tout petit peu agacé, contrarié.
Je ne me suis pas arrêtée aux clichés que l'auteur a voulu semé. C'était trop facile, il fallait se projeter un peu au-delà pour découvrir la profondeur de ce roman. Les émotions n'en furent que plus fortes pour la lectrice que je suis et ça, j'ai beaucoup aimé.
Bonne lecture au final qui ne me dissuade pas de lire d'autres ouvrages de Grégoire Delacourt car j'ai senti tout le potentiel de son regard sur notre monde et je sens que je partage plus que je ne le crois avec lui. Je pense que son écriture peut tout autant me divertir que m'enrichir. C'est aussi cela le pouvoir de la littérature et j'espère que ce récit un peu brouillon à mon sens est le prémice à d'autres plaisirs plus intenses.