La Première Chose qu'on regarde par pilyen
Comment enchaîner après un énorme succès ? Cela a du être le problème de Grégoire Delacourt et de son éditeur. Pour le romancier, continuer dans cette veine populaire, sensible, pas mièvre mais sans se renier et montrer que l'on avance sans se répéter. Pour l'éditeur, surfer sur le succès, en publiant très vite un nouvel opus, à l'instar des auteurs stars de l'édition comme Musso et Lévy. Je ne connais pas les coulisses de la fabrication de ce roman, mais ils n'ont pas su trouver la bonne équation.
"La liste de mes envies", l'an dernier m'avait touché par sa description sensible d'une femme ordinaire. On retrouve dans "La première chose qu'on regarde" ce monde ouvrier souvent délaissé par les romanciers, ces personnes humbles et simples dont les sentiments sont tout aussi touchants que ceux d'une bourge du 8ème arrondissement (sinon plus). Arthur Dreyfuss est un jeune garagiste ressemblant à Ryan Gosling en mieux, l'héroïne, Jeanine est un clone de Scarlett Johansson sans le compte en banque. Héros déclassés et dévalorisés par une société fascinée par le clinquant, ils vont vivre une vraie histoire d'amour où les apparences tiennent une place prépondérante.
Je ne dévoilerai pas plus l'intrigue, pour ne pas enlever l'effet de surprise que, peut être le lecteur pourra avoir s'il se décide de se plonger dans ce roman. Je me bornerai à ne donner que des impressions.
Ayant cédé à la tentation dès parution, je me suis jeté sur le nouveau Delacourt avec l'espoir de retrouver ce petit moment délicat et délicieux éprouvé l'an passé. Ma déception est à l'image de mon attente : grande.
J'ai bien senti que l'auteur avait voulu se démarquer un petit peu de son roman précédent tout en conservant cette veine populaire. On retrouve cette empathie pour les gens simples, ce désir de les considérer comme de vrais héros romanesques mais cette historiette, peut être une nouvelle redimensionnée, ne tient pas vraiment la route. Il a voulu y insérer de la dureté (férocité dit la quatrième de couverture , pensant cela plus vendeur), comme si les quelques critiques sur une prétendue mièvrerie de "La liste..." l'avaient atteint. En adoptant un style un peu sec, avec des phrases courtes sans chaleur, Grégoire Delacourt se coupe de la poésie qui faisait le sel de son précédent livre, rendant le récit sans saveur véritable.
La fin sur le blog : sans connivence