Erica Falck est une biographe jouissant d'une faible renommée et vivant dans une petite ville tranquille de Suède. En quête d'inspiration, plus ou moins poussée par une volonté de changement et curieuse au point de s'impliquer dans des affaires qui ne la concernent pas, elle se retrouve impliquée dans l'enquête du meurtre dissimilé en suicide d'une amie d'enfance. Entre histoires criminels, secrets cachés et aventures familiales, elle pourra compter sur l'aide de Patrick Hedström, policier débutant...
A vrai dire, il est difficile de parfaitement résumer ce livre, premier Tome d'une saga racontant les aventures de la journaliste Erica Falck & du policier Patrick Hedström. La première chose que l'on détecte facilement, c'est que l'auteur, Camilla Läckberg, a travaillé en profondeur ses personnages et n'a nullement l'intention d'en laisser un sur le coin d'un trottoir pour en privilégier des nouveaux. Nous abordons ce point dès les premières lignes de cette critique car c'est ce détail qui peut frapper le lecteur dès les premières lignes. Madame Läckberg sait faire parler ses victimes, en bien comme en mal. L'introduction des personnages principaux, Erica Falck en tête, se fait rapidement et efficacement, en nous impliquant directement dans sa vie et ses méandres. Car oui, ce roman n'est à proprement parlé pas "beau". Chaque individu possède ses propres aspérités, ses besoins et ses secrets pour donner plus d'ampleurs encore à cette histoire. Voilà d'ailleurs le premiers défaut de ce roman : les enquêteurs et leurs proches sont presque plus attanchants que ceux touchés par le crime et la perte d'un être cher, à tel point que l'enquête passe complètement au second plan de ces 384 pages (le nombre de page étant ici purement indicatif et retrouvé sur le site d'Acte Sud).
Et puisque nous les évoquions voilà à peine deux lignes, attardons-nous un peu sur ces personnages qui apportent la profondeur nécessaire pour s'attacher à ce récit. Erica est une femme "actuelle" dans une Suède moderne, loin - Dieu merci - des stéréotypes d'une femme en quête d'identité se fiant plus aux autres qu'à son propre instinct. Intelligente, maligne et écrivain... Difficile de ne pas faire le parralèle évident entre Erica et Camilla. Non ce personnage ne se résume pas à une boule empathique capable de résoudre des crimes grâce à son caractère compréhensif à toute épreuve. Bien au contraire. Erica est une femme logique, travaillant ardemment pour comprendre les liens entre chaque indice retrouvé et aime aller au fond des choses. Dôtée d'une curiosité innée, c'est tout logiquement qu'elle s'implique dans la résolution du suicide qui n'en est pas un, de son amie d'enfance, retrouvée veines ouvertes dans sa baignoire (champagne, c'est la journée de la joie !).
Le second personnage "clé" de ce roman se prénomme Patriiiiiick ! Non rectification, juste Patrick ! Ici, cet homme, bien que brillant par certains aspects, est un homme normal, policier dans une petite ville où les crimes les plus profonds consistent en un vol de conserves de haricots rouges. Anciennement marié, nouvellement divorcé, il va retrouver Erica, déjà croisée durant son enfance, et essayer de résoudre ce crime. A l'inverse d'Erica qui n'a rien à prouver, Patrick à tout à faire. Il aime son métier et rêve d'une vie ordinaire mais sa petite campagne suédoise où il ne se passe rien ne lui laisse pas l'occasion de faire ses preuves. Voilà sans doute pourquoi il s'implique rapidement dans cette enquête... Enfin ça et la romance naissante et évidente entre Erica et lui !
Autour d'eux gravite un petit groupe, plus orienté famille et profession qu'amis réels. Les quelques autres membres du Commissariat où Patrick passe le plus clair de son temps est ce qui s'apparente le plus à une famille, ou tout du moins semble en vouloir prendre le chemin avec un chef bedonnant plus intéressé par la popularité d'un bureau au sein d'un immeuble de police d'une grande ville, des collègues vieillissant qui ne sont plus habitués à réagir en cas d'urgence et une secrétaire maternelle qui aide tout ce petit monde à se supporter. D'un autre côté, chez Erica, seule Anna, sa soeur, son neveu et sa nièce comptent, au détriment de son beau-frère violent qui souhaite à tout prix se débarasser de la maison familiale de la famille Falck et ce, quelqu'en soit le prix...
Rassurez-vous, un portrait de chaque personnage de l'histoire ne va pas être dressé, sous peine de voire cette critique s'étendre sur une bonne quinzaine de page ! Et puis comme nous le précisions plus haut, ce ressenti - pourtant agréable - que l'on a à la lecture sur le fait que l'auteur veuille donner une importance cruciale à ces personnages principaux, nous laisse radicalement pantois sur le sort des autres, néanmoins touchés de prêt par d'odieux crimes.
Et même si elle n 'apparaît ici que comme un élément de second plan, "voici venu le temps des rires et des chants" et de parler un peu - mais très peu - de l'histoire. Au fond, on parle ici de deux suicides qui n'en sont pas, de secrets cachés et de regards en coin de l'oeil dissimulés. Les crimes interviennent au sein même d'une petite bourgade où tout le monde se connaît et va ainsi soulever bon nombre de questions, personne n'imaginant l'autre capable de commettre un meurtre. Mais si en lisant ses lignes maladroites vous vous dîtes que cette histoire semble directement classable dans la catégorie du "déjà-vu", c'est probablement parce que c'est le cas ! Les questions pseudo-existencielles abordées tombent vite à plat puisque l'on en connaît déjà les aboutissements et la résolution du crime, au travers des conflits entre les personnages passe presque innaperçu... Seul point positif, le fait que ce livre réveille en vous votre instinct d'enquêteur et amateur de Cluedo, au point de retenir les indices pour essayer de trouver qui est le coupable...
Au final, La Princesse des glaces est-il un bon roman ? Difficile à dire même si notre voix tenterait plus vers un faible non ! Le style et la volonté sont bien là et reconnaissons qu'à l'heure où n'importe quel individu s'essaye à l'écriture avec plus ou moins de succès, trouver une histoire originale n'est pas chose aisée. Mais, à défaut d'être un roman parfait, il sert d'introduction aux aventures d'un couple d'enquêteur et de personnages intelligemment mis en avant. On s'attache à ce groupe, même les plus détestables d'entre eux, mieux encore, on s'identifie à eux ! La Princesse des glaces est-il un bon roman ? Probablement pas mais il reste une excellente introduction à de nouvelles histoires qui - Spoilers - seront elles bien mieux bâtis et dans lesquelles personnages et histoires criminels se lieront à la perfection !