Ode à la vie

Retour de lecture sur: "La promesse de l'aube", roman ou récit biographique de Romain Gary publié en 1960. Ce livre retrace la vie passionnante de l'écrivain, de sa naissance à Vilnius, son enfance et séjour en Pologne où il a été élevé seul par sa mère, jusqu'à son engagement dans l'armée, ses années de guerre, et la libération, qui correspond à ses 30 ans. A travers son parcours, l'écrivain nous décrit ses relations avec sa mère, qui aspire pour lui à un destin grandiose. L'amour mère-fils est le fil conducteur de tout ce recit, et le livre est avant tout un vibrant hommage, particulièrement touchant, à cette mère. L'amour qu'elle porte à son fils est excessif, suffocant, souvent exaspérant, mais Romain Gary tout en insistant sur ce côté insupportable, sans jamais être condescendant, parvient à nous transmettre tout l'amour, le respect, qu'il a pour elle, avec une tendresse infinie. Ce livre est rempli d'anecdotes amusantes, justement à cause de ce côté excessif, qui sont toutes plus touchantes les unes que les autres. Elles témoignent de cet amour inconditionnel, jusqu'à la toute fin du livre, ou elles prennent encore une dimension supplémentaire particulièrement poignante. On découvre dans ce récit tout le côté attachant de la personnalité de Romain Gary qui rayonne d'humanité. Un homme toujours très tolérant, en quête d'absolu, qui aime la vie, écoute les étoiles et les bêtes. Ce livre est bien plus qu'un récit autobiographique, c'est une véritable ode à la vie. Son écriture très simple et limpide est d'une efficacité incroyable, proche de la perfection, et on se régale presque à chaque page de ses formules particulièrement percutantes et subtiles pour exprimer ses sentiments. Ce livre est aussi, et de manière indirecte, à travers la vision très idéalisée de sa mère, une belle déclaration d'amour à la France. C'est pour conclure un magnifique livre, très touchant, brillant, écrit par un homme d'une grande humanité.

Extrait :

”Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Cela vous donne des mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que cela existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours”.