J'aime bien Bernard Werber, qui est au roman un peu ce que Cédric Klapisch est au cinéma français, pour moi. Je les associe souvent, à cause de leur douceur et de leur gentille inventivité. Ils ont des capteurs à problématiques contemporaines qui me semblent réglés sur le bon azimut, bizarrement. C'est un don. Pas dans le même genre de récit, mais plutôt pour le sous-texte, je dirais. Nous voilà donc embarqués cette fois par les héros de la Boîte de Pandore dans une nouvelle aventure échevelée. Après avoir exploré la Mort, dans le cycle des Thanatonautes, l'auteur nous entraîne dans l'exploration des vies antérieures par l'hypnose régressive. Un procédé que j'ai découvert il y a 30 ans et qui me semble du coup passablement banal, j'ai eu le temps de m'habituer. René (dont le prénom ne doit rien au Hasard, et ça fait un peu système dans ce roman encore...) est entraîné à l'époque des croisades pour retrouver une prophétie qui dévoile l'avenir de l'humanité jusqu'à l'année 2101. On voudrait tous bien savoir, évidemment, ce qui nous attend, d'autant plus dans cette période terriblement anxiogène qui pourrait très bien signer l'avènement du chaos le plus total. Alors nous voilà harponnés, à suivre les régressions révélatrices d'un protagoniste précipité dans un voyage terrestre et temporel à la fois, avec des compagnons de route improvisés (ou pas du tout, si on croit aux familles d'âmes, et si on n'y croit pas du tout, on s'en fout, c'est un roman...). Werber fait vraiment feu de tout bois : l'hypnose, les Templiers, la Bible, les traditions juives, l'extinction des espèces... il a ce talent de ratisser large pour tresser habilement des informations apparemment disparates en trames cohérentes. Sur le papier, hein, il ne s'agit pas d'y chercher des clés de compréhension du monde (ou si ?), c'est un roman, je le redis pour ceux qui pensaient que le Da Vinci Code méritait qu'on le brûle en place publique pour avoir prétendu que Jésus pouvait avoir trempé son biscuit... On se laisse facilement embarquer par cet écheveau ésotérico-historique, qui rend au monde son côté merveilleux d'antan, sans tourner complètement le dos à la science. C'est une salade extrêmement contemporaine et plutôt digeste, parfaite pour une lecture dans un transat l'été. Après, je ne me lance pas dans une analyse littéraire, ça n'est absolument pas le propos. Il manque un verbe par ci, une ponctuation par là, bon, allez, c'est les vacances, mode détente.