Commentaire de Simone Weil de 1934 d'un extrait des Histoires florentines de Nicolas Machiavel en 1532 sur la révolte du peuple florentin (les Ciompi) de 1348, lui-même commenté par Emmanuel Barot en 2013 et c'est inégal.
Le récit de Machiavel est intéressant comme document historique, se lit bien et est ponctué de quelques sentences bien calées. On plonge dans une période méconnue (de moi) et dans une manière amusante de faire de l'Histoire en rapportant des propos comme si on y était alors qu'on a 200 ans de retard.
Le commentaire de Simone Weil tombe pas mal à plat, engoncé dans une lecture idéologique très restrictive qui force Machiavel à rentrer dans une case matérialiste dans lequel il est un peu à l'étroit. L'analogie n'est pas complètement insensée mais on a vraiment l'impression qu'elle a perdu ses lunettes sur de grands passages du texte pour faire de Machiavel le premier penseur du prolétariat qu'il n'est pas. Oeuvre de jeunesse on va dire.
C'est donc le postface d'Emmanuel Barot qui est le plus intéressant, d'un marxisme plus nuancé et mesuré et adoptant un regard plus juste sur le propos machiavélien : il y a des parallélismes intéressants à tirer entre les Ciompi et les Soviets mais limités. En fait, il montre Machiavel en analyste pragmatique et clairvoyant d'une domination économique de classe que d'autres historiens lui retire. Et il analyse cette révolte comme celle d'une classe d'exclus, de petit peuple, mais très divisée à la fois sur les moyens d'action et sur les objectifs de la révolte.
Heureusement que c'est court quand même car le sujet reste assez vite creusé.
Petite citation du Prince qui peut marcher dans bien des situations actuelles pour finir :
"Il n'y a chose à traiter plus pénible, à réussir plus douteuse, ni à manier plus dangereuse, que de s'aventurer à introduire de nouvelles institutions ; celui qui les introduit a pour ennemis tous ceux qui profitent de l'ordre ancien, et n'a que des défenseurs bien tièdes en ceux qui profiteraient du nouveau."