C'est curieux, je ne retrouvais pas les critiques que faisaient beaucoup de monde sur Le Jour Des Fourmis (qui est à la limite, mon préféré de la trilogie). Certains y trouvaient une surenchère à la limite du ridicule, mais personnellement, j'avais été pris par cette histoire de croisade de fourmis parties tuer les humains mais dont le dénouement s'avérera être le contact entre les deux espèces.
Je suis sorti du Jour Des Fourmis avec beaucoup d'attentes pour ce troisième volet. Beaucoup de questions envahissaient ma tête, qu'allaient devenir le groupe de Jonathan Welles, 103 683e allait-elle convaincre ses compères de partir à la rencontre de doigts humains. Et surtout, est-ce que ce rêve d'un contact avec l'infra-terrestre promettant un avenir radieux allait enfin voir le jour.
La Révolution des Fourmis répond à ces questions, mais beaucoup trop tard. Le soucis que j'ai avec ce roman, c'est qu'il part dans des directions dont tout le monde se fiche. Alors oui, on reste dans l'idée que, nouvel épisode, nouveau volume de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu et par conséquent, nouveaux personnages qui vont découvrir de l'intérêt à travers les fourmis. Mais bon sang, cette histoire de jeune fille associable, à la limite de l'anorexie et anarchiste, elle est juste en trop. Tout n'est pas à jeter, sur le fond, cette histoire est même très intéressante, mais bon sang que c'est long.
La reproche que j'ai avec ce tome, c'est qu'à trop vouloir enrichir le fond, Bernard Werber rend la forme juste insupportable. Le style de narration des Fourmis est assez unique, on a l'intrigue des humains, l'intrigue des fourmis, et quelques extraits du Savoir Relatif et Absolu d'Edmond Welles qui entrent en résonance avec les intrigues. Peut-être est-ce de la lassitude au bout de trois livres, mais ce style de narration ne fonctionne plus dans cet épisode.
Et pourtant, c'est pas faute d'avoir essayé. L'idée est que dans le récit des humains, la jeune Julie s'adapte petit à petit à la vie de fourmi en envahissant le lycée avec une bande d'amis. Leur mode de vie se rapproche donc de celles de fourmis. Et du côté des fourmis, elles s'humanisent petit à petit grâce à 103 683e car celle-ci est chargée de connaissance à son retour du pays des doigts. Ainsi, elle développe les concept d'amour, d'humour et d'un dernier que j'ai oublié chez les fourmis. Des concepts humains évidemment que les fourmis ont du mal à comprendre.
Donc d'un côté on a des humains qui se « fourmilisent » en quelque sorte, et de l'autre, des fourmis qui s'humanisent. Intéressant, n'est-ce pas ? Mais comme je le disais plus haut, c'est trop long, et les péripéties ne sont pas assez solides pour tenir en haleine le lecteur autant que dans les deux précédents volets. Personnages humains moins attachants, méchant ridicule (Maximilien Linart, flic complètement contre les fourmis), arc final tiré à rallonge (le procès des fourmis est juste interminable), bref, tout est trop long dans ce troisième volet et il faut se forcer pour le finir.
Et c'est dommage, parce que j'adore les Fourmis. C'est une saga foutrement prenante dans l'ensemble, complexe, apportant des sujets de réflexions inédits, mais voilà, la recette ne marche plus. En tout cas, je reste content d'avoir achevé cette grosse histoire qu'est la saga des Fourmis.