Le troisième tome des Annales de la Compagnie noire, intitulé La Rose Blanche, conclut le cycle Les Livres du Nord et présente la bataille finale pour empêcher le Dominateur de faire son grand retour dans le monde des vivants. Un tome qui parvient à atteindre une tension palpable et délicieuse, nous murmurant qu'après cela, plus rien ne sera comme avant.
Ce tome se centre sur la Compagnie noire, désormais sous la bannière de la Rose Blanche qui n'est autre que Chérie. Reclus au bout du monde, harcelé par les armées de la Dame, un danger bien plus ancien et plus dangereux attire Toubib à atteindre les Tumulus car dans l'ombre de ce tertre, une engeance bien plus monstrueuse que la Dame prépare son grand retour.
Voilà voilà, pas plus de spoil - même si l'introduction s'en occupait un peu.
Il est agréable de constater que plus on avance dans notre lecture et plus on apprécie lire les aventures des membres de la Compagnie noire. Ici, Glen Cook propose une nouvelle façon de dévorer sa création en agrémentant sa première partie d'un récit mélangeant romanesque et épistolaire, donnant par moment quelques difficultés de compréhension mais une fois le principe compris, c'est une nouveauté que l'on ne peut que saluer. Mais le véritable point appréciable, c'est que lors de nos lectures précédentes, nous avions une Compagnie noire acculée, se retrouvant véritablement contre le monde entier... On pensait ne pas pouvoir découvrir pire comme situation et Glen Cook, grâce à son troisième tome, nous démontre que la déchéance ne s'arrête pas en réduisant physiquement et moralement de plus en plus ces mercenaires : il y a toujours pire tant que la mort n'arrive pas soulager les maux. Ainsi, ce qui faisait le génie de Glen Cook est toujours en rendez-vous, sublimé par les descriptions d'un nouvel environnement : la Plaine de la Peur. Un lieu gigantesque et mystérieux, à la frontière du lovecraftien avec ces phénomènes étranges et ces créateurs fantastiques. L'atmosphère qui règne sur ce nouveau tome a tout pour séduire et nous plonger dans un univers sombre. Mais bien évidemment, la richesse de cette série, si elle tient aussi à l'absence de manichéisme, à l'obscurité de l'âme humaine et à d'autres éléments fort sympathique, vient surtout de ces personnages.
Et l'on retrouve nos personnages préférés, rescapés de la cuisante défaite de Génépi, eux-même complétement défaits et cela se ressent. Toubib, héros principal, demeure un personnage plein de nuance, constamment en train de philosopher sur le mal et l'inexistence du bien et le plus vivant qui nous est donné de suivre. On retrouve bien évidemment les grandes figures adorables à l'image des trois sorciers de la Compagnie et quelques têtes avec qui Toubib est étroitement lié, passant de Elmo et la fameuse Dame. On retrouve également de nombreux autres personnages, tous toujours plus admirable les uns que les autres et le nombreux rebondissements et retournements de situation, qui alimentent majestueusement le récit, nous réserve de nombreuses surprises que l'on n'avait pas vu venir.
Bien sûr, je demeure quelque peu retenu dans ma critique, étant donné que ce tome clôt un cycle, je ne peux que recommander sa lecture pour découvrir le dénouement de cette première grande histoire. Néanmoins, je peux tout à fait me permettre de répéter encore et encore ce qui j'avais déclaré dans mes critiques précédentes : cette série, si elle demeure quelque peu difficile en de nombreux endroits - aussi bien à cause du style de l'auteur que pour les erreurs de traductions qui ruinent légèrement l'immersion - est un véritable joyau, une nouveauté inconditionnelle dans le genre de la Fantasy. Un "must have" pour tous les passionnés, admirable dans sa façon de voir le monde et débordant de réflexions si vraies qu'on en vient à réfléchir sérieusement sur certains points une fois notre lecture finie. La Rose Blanche est une réussite et une conclusion de premier cycle plus qu'appréciable, qui nous laisse espérer une suite à la hauteur des attentes et à croiser les doigts pour que nos héros ne nous lâchent pas d'aussitôt.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !