Une partie de Dames avec mise en échec.

Après un 2e livre ("Le Château Noir") au rythme plus posé, ce 3e et dernier livre du 1er cycle des Annales de la Compagnie Noire commence là où le précédent s'arrêtait. Il va de soi que pour parler de ce tome je vais SPOILER les évènements du précédent livre et par extension je vais également SPOILER ceux de ce livre-ci. Donc si vous n'êtes pas à jour, ne lisez pas ce qui suit.

SPOILERS

La Compagnie en partie décimée se réfugie dans la Plaine de la Peur et y vit terrer sous terre. Grâce au Nul de Chérie, ils bloquent les assauts des Asservis et espèrent tenir assez longtemps pour que la Comète apparaisse et leur indique que l'affrontement final est proche. Mais ils ne sont pas seuls dans ce siège. Les étranges créatures qui vivent dans la Plaine (mantes, baleines de vent, menhirs) décident de prêter mains fortes à la Compagnie.

Acculée dans la Plaine, la Compagnie patine méchamment. Il ne s'y passe d'ailleurs pas grand chose et c'est pourquoi l'auteur décide de multiplier les points de vue en intégrant des chapitres consacrés à Choucas, un mystérieux inconnu manigançant quelque chose dans le Tumulus qui n'est autre que l'endroit où le Dominateur est enfermé. Par ailleurs, Toubib reçoit de mystérieuses lettres qui lui content l'histoire de Bomanz, un mage de l'ancien temps qui est considéré comme responsable de la libération de la Dame il y a plus d'un siècle.

Ce sont donc les passages de Choucas et de Bomanz qui rythment la première moitié du livre. Personnages nouveaux, ils offrent un vent de fraîcheur à l'intrigue et permettent de cerner un peu mieux le background de l'univers inventé par Glen Cook. Arrivé à la moitié du livre, on apprend que Choucas n'est autre que Corbeau. Honnêtement pour moi ce n'était pas vraiment une surprise. Non seulement je rejetais l'hypothèse de sa mort dans mon retour du 2e livre mais a fortiori les passages consacrés à Choucas donnaient déjà pas mal d'indice. Comme Corbeau, Choucas était froid, distant et indifférent à la mort, il parlait les anciennes langues et avait vécu dans les Cités Précieuses. De plus, Choucas semblait bien connaître la Compagnie Noire donc ça ne servait à rien de conserver le suspens plus longtemps. Même si ce twist n'en est pas vraiment un, je ne vous cache pas que j'étais content du retour aux affaires de Corbeau car je trouve ce personnage très réussi.

Bref, à la moitié du livre, Toubib se retrouve entre les mains de la Dame et là le livre prend une tournure assez incongrue. La femme du Dominateur décide de suivre Toubib dans la Plaine pour s'entretenir avec Chérie et conclure une trêve pour que les deux camps puissent se ligueur contre le Dominateur. Personnellement je pensais à un piège. Je pensais que Toubib venait de signer l'arrêt de mort de Chérie en faisant entrer la louve dans la bergerie. Il n'en est rien. Une simili idylle nait même entre la Dame et l'annaliste de la Compagnie. J'ai toujours beaucoup aimé ces moments. Non seulement cela tend à rendre le personnage de la Dame humain mais a fortiori c'est le personnage de Toubib qui s'étoffe puisqu'on lui découvre de nouveaux pans de personnalité. Toubib est vieillissant (comme la plupart de ses collègues) et son cynisme légendaire est plus que jamais mis à contribution. Or là, il en viendrait presque à renier ses engagements pour un amour qu'il sait être impossible. C'est donc un Toubib perdu, partagé et tiraillé qui nous est servi avec brio par Glen Cook. Très appréciable selon moi car loin d'être gnangnan ni cliché.

Enfin arrive la bataille finale. J'avoue être un poil déçu de cette dernière. Le Dominateur, dont on fait tout un foin depuis le début, est vaincu assez facilement. Alors OK on entrevoit vite fait l’étendue de ses pouvoirs mais pour un GRAND Méchant il se fait quand même sacrément vite dézinguer. Il emportera cependant avec lui Traqueur; le capitaine et Elmo. Glen Cook continue donc de sarcler dans le vivier de ses personnages. A coté de ça, La Dame et Chérie se neutralisent et perdent leurs pouvoirs respectifs. Le 1er cycle est donc bel et bien fini; Le Dominateur, La Dame et la Rose Blanche sont out et il n'y a plus de grand leader pour gouverner/rallier le monde sous sa bannière. Toubib devient capitaine et décide de retourner à Khatovar là où la Compagnie s'est formée. Il sera accompagné de la Dame, des inséparables Gobelin et qu'Un Oeil ainsi que du reste des troupes qui n'a pas été décimé dans l'affrontement final.

Maintenant que j'ai achevé le 1er cycle, je vais faire une pause pour lire autre chose.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces 3 livres et je suis sûr que j'en prendrai à nouveau quand j'entamerai le cycle suivant. Surtout que ce sera l'occasion de retrouver Toubib & cie mais également Corbeau, Silence et Chérie qui semblent être promis à un triangle amoureux impossible. Mais plus que ça, je suis curieux de voir ce que Glen Cook va nous réserver. A l'heure actuelle je n'arrive pas à imaginer quelle nouvelle menace peut fondre sur le monde pour tenir les lecteurs en haleine. Mais je suis sûr que ça sera annonciateur de sang et de larmes et cette idée ne peut que me réjouir tant l'univers y est propice !