Ce livre m'a longtemps attendu sur la table de nuit. J'avais de forts a-priori sur l'intrigue : ce périple d'un père et son fils dans un monde post-apocalyptique risquait d'être lent et déprimant... Après lecture, l'intrigue n'est effectivement pas le cœur du livre. On y trouve de nombreuses répétitions pour détailler le quotidien dans ce pays vide de tout. En gros : ils marchent, mangent et dorment... Mais tout est dans le style qui décrit à merveille cette terre stérile.
Le ton est froid. Pas de prénoms, l'auteur parle de l'homme et du petit. Le livre n'est pas composé de chapitres mais de courts passages un peu décousus. On ne trouve ni d'indices de temps ou de lieu pour se situer ni d'informations sur les causes du cataclysme. Ce style et cette description froide ramène efficacement, en dehors de toute civilisation, l'homme à sa condition animale.
Si on arrive à faire abstraction des éléments qui nous manquent, il devient passionnant de suivre l'essentiel, l'instant présent de ce père et son fils, derniers vestiges d'humanité. Les actions répétitives prennent alors toutes leurs significations dans leur quête de sens. Nous tombons avec avec eux dans le désespoir, il vaut mieux mourir que vivre cette vie. Mais leurs vies difficiles et répétitives sont retenues par ce fil que représente la route vers le sud et la recherche d'hommes "civilisés"...