La Route est une histoire qui repousse les frontières du genre post-apocalyptique. La puissance descriptive de Cormac McCarthy, l’auteur du livre, emporte le lecteur dans les tréfonds les plus sombres de la déchéance humaine au sein d’un monde tout autant carbonisé que moisi. Récompensé par le prix Pulitzer de la fiction, vendu à près de trois millions d’exemplaires et adapté au cinéma par John Hillcoat trois ans après sa sortie, La Route est fortement ancrée dans le paysage culturel et a profondément marqué le genre littéraire.
Quelque part dans une Amérique dévastée par un cataclysme inconnu, un père et son fils tentent de rejoindre le sud où ils espèrent trouver un monde moins hostile. Trimballant tant bien que mal leurs maigres ressources dans un chariot de supermarché, « l’homme » et « le petit » suivent, à l’aide d’une carte routière, une route et ne s’en écartent que pour éviter les maraudeurs et pour fouiller les maisons environnantes.
Ces orages, ces forêts brûlées, cette cendre qui recouvre tout, ces pluies qui n’en finissent pas, ce ciel s’assombrissant perpétuellement et ces maisons qui pourrissent sur place marquent le crépuscule de notre monde. L’humanité se débat dans des derniers soubresauts. McCarthy, dans un style minimaliste, en profite pour nous questionner sur la condition humaine.
Il y a pourtant une lumière nichée au sein de cette noirceur. Il s’agit de la relation entre le père et le fils. Le récit expose avec clarté la force de la paternité. Ce lien indéfectible, malheureusement trop souvent relégué au second plan dans notre société, se révèle être ce qui fait tenir et avancer nos protagonistes. Chacun se nourrit de l’amour de l’autre. Tu marches donc je marche.
Le petit bémol à mettre est à mon avis la structure linguistique. La forte répétition de « et » au sein d’une même phrase et l’absence criante de ponctuations n’apportent pas grand-chose au style de l’auteur dont le minimalisme se suffit à lui-même. Peut-être qu’une traduction mois littérale aurait été profitable pour l’œuvre.
Anxiogène et bouleversant, La Route est un récit fragmenté en de nombreux paragraphes, chacun représentant une photographie de ce périple dont le lecteur comprend rapidement qu’il est sans espoir.
Si le film vous a fait froid dans le dos, attendez de lire La Route...