J'ai relu Chair de Poule pour vous épisode 1 : La Rue maudite
Pour inaugurer mon cycle de relecture Chair de Poule j'aurai pu commencer par mon préféré à l'époque, le premier que l'on m'ai acheté ou encore tout simplement par le premier publié chez Bayard Poche. Au lieu de ça j'ai décidé de commencer par le n°28 : La Rue Maudite.
Je crois que c'est le Chair de Poule que j'ai eu le plus de mal à lire : j'ai bien du le recommencer 3 ou 4 fois avant d'arriver à le finir pour de bon et autant vous dire que dans intervalle je l'ai trimballé. Il a du m'accompagner chez mes grands parents en vacances, puis en colo (ça par contre j'en suis certain, je me revois très bien le mettre dans mon sac avec le Mangeur d'homme, ma trousse de toilette et mes chaussons dans l'espoir d'enfin arriver à le finir)... Peine perdue.
Au final je sais que je l'avais lu jusqu'au bout (j'ai d'ailleurs un souvenir amer de sa chute, sans doute le seul passage dont je me rappelle clairement après tout ce temps) mais impossible de me rappeler où et quand.
Mais le plus étrange avec ce bouquin c'est que malgré la difficulté que j'ai eu a en venir à bout et malgré ma déception en l'achevant enfin j'ai toujours une certaine affection pour lui.
Peut être parce que je trouve la couverture super chouette (et ce même si elle n'a presque rien à voir avec l'histoire), même aussi longtemps après, ou parce qu'il m'a accompagné à de si nombreuses reprises pendant mes vacances, ou peut être est ce encore en raison des publicités pour la série publiées dans Astrapi et reprenant le fameux crabe géant... Impossible à dire.
Et c'est finalement en cela que la Rue maudite est sans doute le meilleur point de départ pour mon cycle de relecture : parce qu'il incarne si bien ce que sont les romans Chair de Poule, à savoir de plutôt mauvais bouquin (même en tenant compte de leur public cible, soyons honnêtes) dont on garde tout de même un souvenir ému et souvent un poil nostalgique.
Bref ! Séchez vos petits yeux humides, reniflez un bon coup et on y va : c'est parti pour le cœur du sujet !
Mais tout d’abord, un court résumé (celui de la quatrième pour tout vous dire) :
LA RUE MAUDITE
VISITE RISQUÉE...
Irène et son ami Martin sont passionnés par les films d'horreur. Surtout ceux de la série des " Dents qui claquent ". Imaginez leur joie quand le père d'Irène leur propose de tester le parc d'attraction reprenant les thèmes de ces films ! La visite commence plutôt bien pour les deux amis. Mais soudain, les attractions deviennent dangereuses... trop dangereuses.
Bon... Par où commencer.
Bon allez, le style.
Comme de juste ça faisait des années que je n'avais pas lu un Chair de Poule mais après quelques pages seulement les souvenirs me sont revenus. Au final un Chair de Poule c'est avant tout une recette bien rodée (éculée diront certains) : de très courts chapitres se terminant tous (TOUS !!!) par un cliffhanger plus ou moins bien pensé, une courte présentation physique des personnages plus ou moins bien intégrée (plutôt moins que plus dans mon souvenir) aussitôt que possible, de nombreuses approximations qui passerait chez un bon auteur pour de la licence poétique mais que l'on pourra qualifier ici de fumisterie ou de foutage de gueule et la fameuse phrase (que je reproduit ici de tête, d'où sans doute de petites approximations, mais je suis sur que vous verrez de quoi je parle) "[nom du personnage] essaya de crier mais aucun son ne sortit de sa bouche ".
Ah et un semblant d'intrigue. Des fois.
En relisant celui qui nous intéresse aujourd'hui j'ai très vite compris pourquoi j'avais eu tant de mal à le lire à l'époque. La rue de l'Angoisse est dans le domaine un monument de fumisterie. Non content d'abuser de sa fameuse recette, Stine semble vouloir faire l'impasse sur l'histoire en se contentant d’aligner les passages puéri-horrifiques au petit bonheur en se servant du thème prétexte du parc d'attraction pour accumuler les créatures sans jamais réellement s'attarder assez sur aucune... On passe du crabe-loup au squelette puis aux escargots roses, aux araignées, ensuite aux Mouchatouilles...
Et là j'en arrive au second problème. Autant Stine nous avait déjà habitué aux bestioles improbables (d'autant qu'avouons-le le bonhomme n'est pas ce qu'on pourrait appelé un champion de la description) autant là quand même on atteint des sommets !
Bon le crabe loup, passe encore. La description est ridicule mais comme on a la couverture sous les yeux ça rattrape un peu le bousin, on arrive à se faire une idée. Le squelette qui ris bon ok. C'est un peu vu et revu mais pourquoi pas. Mais bordel les escargots roses et gros comme le poing à qui ça fait peur ?! Ok c'est dégueulasse et tout mais ça fait pas peur !!!
Et là bam : les Mouchatouilles. J'ai pas compris. On a genre 5 chapitres venus de l'espace durant lesquels on a droit au mot Mouchatouille au moins une fois par phrase. On comprend pas si il s'agit des escargots, de chauve-souris ou d'un croisement entre des mantes religieuses géantes et des engins de chantiers ni pourquoi à un moment ça devient même un adjectif, c'est du grand n'importe quoi. Mais surtout on ne comprend pas comment le mot Mouchatouille a pu paraître suffisamment effrayant ne serais ce qu'un instant à l'auteur (bon dans ce cas je veux bien incriminer le traducteur même si je suis persuadé que le nom trouvé par Stine devait être tout aussi gouleyant) pour en faire un des passages clés de son bouquin !
Et encore là je parle des Mouchatouilles parce que c'est l'exemple le plus marquant mais faut voir les noms que se tapent les persos de films d'horreur qui attaquent les enfants : on a droit à un " Toto Crapoto ", une " Sue la sucrée " qui est une " poupée qui marche et qui parle. C'est une mutante de Mars, qui ne songe qu'a assassiner tout le monde ", un certain " Face de Singe " ou encore un " Barbaro Toxique "... Sérieusement !
L'autre vrai point faible du bouquin (oui, ça commence à faire pas mal) est surement plus visible avec mes yeux de (jeune) adulte : je veux parler de cette histoire de films d'horreur.
Alors là soit Stine n'a JAMAIS vu de film d'horreur (mais bon rien qu'à voir le pitch de La voiture hantée on se doute que si quand même) soit... Soit je sais pas. Je comprend même pas comment on peut dire autant de conneries en aussi peu de pages. Déjà d'une des gosses de 11 12 ans à l'avant première d'un film d'horreur je dis bravo. Ok le père d'Irène travaille dans le cinéma (sauf que plus tard on nous apprend qu'il fait des robots pour des parcs d'attraction du coup j'ai pas tout compris) mais quand même ! Et personne ne s'en étonne, même pas cette vieille dame qu'ils bouscule en sortant...
Ensuite je prétend pas être un pro du cinéma horrifique mais faire un film de loups garous (par exemple) et appeler ses créatures les P'tits loups (la fille s'appelle la Loupiotte et le mec le Loupiot, véridique !) c'est un peu se tirer une balle dans le pied. A part caster Michael J. Fox dans le rôle titre je vois pas trop comment faire pire...
Cette critique traine en longueur alors je vais abréger mais dans le même genre on se demande où Bob a vu une série de films d'horreur portant le même nom (ici les Dents qui claquent... Je ne relève même plus) mais traitant de sujets aussi disparates que des zombies, des loups garous ou encore un serial killer ? A la rigueur ça peut tenir la route si on parle d'une série télé mais là ?
Enfin bon, je m'arrête là, on va pas y passer la nuit.
Pour conclure donc la Rue maudite n'est pas un bon livre (à vrai dire ce n'est même pas un bon Chair de Poule) et je ne le vous conseille pas, même pas à titre récréatif. L'histoire surprend par son incohérence là où elle devrait le faire par son originalité et Stine parvient à rendre son style ENCORE plus indigeste qu'à l'accoutumé. Les personnages sont des coquilles vides auxquelles on à d'autant plus de mal à s'attacher compte tenu du faible nombre de page et ce n'est pas cette fin bâclée et tirée par les cheveux qui sauvera les meubles.
Malgré tout ça j'ai de nombreux très bons souvenirs liés à ce livre (certes plus en tant qu'objet qu'en tant que roman à proprement parler mais n'ergotons pas !) et je pense qui si vous avez lu un jour un Chair de Poule vous devez savoir de quoi je parle.
Petite pépite pour finir et parce que c'est très gentil à vous de m'avoir lu jusqu'au bout (ou tout du moins d'avoir tout de même lu la fin) voici la fameuse phrase-gimmick made in Stine tirée de ce tome : " J'essayais d'avertir Martin, mais aucun son ne voulait sortir de ma gorge. "
Tout est dit.