Alice au Pays des Merveilles ou les Aventures du Chapelier Fou
Je dois avouer que je suis allé voir ce film avec beaucoup d'appréhensions... J'avais déjà vu l'affiche à de nombreuses reprises (il faudrait habiter un ashram aux confins du Tibet pour y échapper) et je trouvais le choix de Johnny Depp dans le rôle du chapelier particulièrement mauvais. Et même en passant sur le fait que l'acteur ne colle pas avec l'idée que je me faisait du chapelier fou (qui est ou du moins était un de mes personnages préférés du conte), l'ami Burton aurait très bien pu en garder les traits mais en changer l'apparence globale, comme il l'a fait pour les Tweedles ou la reine de coeur. Passons.
En plus de ça, les avis de mes amis ayant déjà vu le film étaient plutôt mitigés voire même carrément hostiles (à l'exceptions de quelques inconditionnels de Disney qui l'ont trouvé je cite « GéniaAal! »).
J'y suis donc allé avec une certaine réticence en m'attendant à tout... Sauf à ça.
Attention! Spoiler! La suite peut révéler des moments clés du film! (C'te blague ^^")
Je passerai sur le début que j'ai trouvé plutôt ennuyeux pour en arriver directement au retour d'Alice au pays des merveilles. La scène de la chute était plutôt pas mal et augurait bien du film. On y retrouve une Alice exaspérante de bêtise (« Oh zut j'ai ENCORE oublié la clé sur la table en verre! Zut zut et flute! ») mais jusque là tout va bien: rien de nouveau. On retrouve ensuite les personnages du conte et c'est là que ça se gatte. Il y a donc le lapin blanc (qui n'a à mes yeux rien de mignon, ce qui est d'autant plus déplorable que j'ai suivi attentivement les différents concept arts proposés et que celui qui a été retenu est loin d'être le meilleur...), les frères Tweedle (sans commentaire), le dodo (ou monsieur regardez moi bien vous ne verrez presque plus du film!) et le loir (qui a mystérieusement fusionné avec la souris...). On revoit également par la suite la chenille mais comparée aux autres elle est plutôt crédible donc je vais éviter de trop m'acharner dessus. Et là un détail me frappe: les décors sont incroyablement vides! On voit passer un cochon à rayures et un mini-dragon poursuivant un hippocampapillon (pour reprendre la formule employée dans la version précédente de Disney) dont le réalisateur est si fier qu'il leur accorde un gros plan mais à par ça rien. Pas la moindre bestiole, pas le moindre personnage loufoque. Sic.
Puis les méchants arrive et foutent la pagaille, je vous passe les détails (à noter tout de même que les cartes à jouer sont assez sympas). Et on en arrive à la scène du Cheschire cat et là, chic! Un personnage présentable (mis à par sa couleur vert lino)! Mon préféré qui plus est! On en n'est encore qu'au début du film et l'apparition du chat me donne un regain d'espoir. Malheureusement, qui dit chat dit chapelier et sa première scène est pire que tout ce à quoi je m'étais attendu. Où sont les fauteuils? Où sont les tellières? Où donc est la gigantesque table de banquet? Au lieu de l'exubérant gouter auquel je m'attendais à assister Burton ne nous sert ici qu'un triste piquenique! Là encore le vide du décors se fait sentir. Je ne parlerai même pas du chapelier, juste ridicule, ni de la souris/loir (dont la seul réplique du film sera « tu n'est pas la vraie Alice! »).
Le film suit alors son cours. On s'aperçoit alors de deux choses: premièrement si Alice n'est plus aussi exaspérante de bêtise que dans le conte, elle le redevient très vite à force de répéter « je suis en train de rêver » à tout bout de champ. Deuxièmement l'ami Tim s'est trompé de titre. En effet, plutôt qu'Alice au pays des merveilles, c'est plus aux Aventures du Chapelier Fou qu'on à l'impression d'assister.
Le film est donc assez décevant mais se laisse regarder (les décors mettant en scène la reine de cœur sont même très réussis). C'est du moins ce que je pensais jusqu'à ce que je sois frappé par une sorte de flash! Alice chevauche le Bandersnatch cheveux au vent quand tout à coups se superpose à son image une autre jeune fille à la toison bouclée (et tout aussi exaspérante au passage) chevauchant elle aussi une grande créature à fourrure. Ce n'est plus une scène d'Alice au pays des merveilles que j'ai sous les yeux mais plutôt une scène d'A la croisée des mondes! Alerté par cette troublante similitude, je redeviens attentif et je m'aperçoit avec consternation que le film est en réalité une pauvre resucée du Monde de Narnia. Tout y est: le changement de monde, la méchante reine, les animaux qui parlent et qui feignent d'obéir à la despote alors qu'ils projettent de la jeter à bas du trône, la jeune fille que tout cela ne concerne en rien mais qui décide tout de même de prendre parti et de risquer sa vie (pour sauver des animaux qui parlent!!)...
Après cette révélation j'avoue avoir perdu presque tout ce qui me restait d'intérêt pour le film. J'ai en revanche bien aimé la reine blanche stéréotypée a souhait (et a dessein) avec ses manières exagérées (son impossibilité de tenir ses poignets au dessus de sa taille) et sa gentillesse à la limite de l'écœurant et quelques décors come la place d'éxécution.
Et on en arrive à la fin! Et quelle fin... Comme prévu la reine blanche gagne (spoiler!) après un combat 100% Disney (je sais pas si vous vous rappelez le combat de la fin du roi lion, avec Timon, Poumba et Rafiki en élément comique pour atténuer l'effet dramatique de la scène auprès de nos chères têtes blondes...) sur un échiquier à la Harry Potter (en parlant de ça la typo du titre ne vous rappelle rien?). Et là, pour manifester sa joie (et pasqu'on ne l'a pas assez vu) le chapelier se fend de quelques pas de tektonik... A bien y réfléchir cette chorégraphie ferait presque penser à la petite danse de fin d'épisode de Dora l'exploratrice: on a tué le Jabberwokky, c'est gagné! We deed it!
Sur quoi Alice rentre (enfin!) chez elle et s'empresse de dispenser une leçon de morale inspirée de ses aventures à chacune de ses connaissances présente avant d'esquisser à son tour quelques pas de danse.
J'avoue qu'à l'annonce de l'adaptation d'Alice par Tim Burton je me suis dit chic, on devrait enfin avoir droit à une adaptation un peu sympa (je ne suis en effet pas fou de celle de Disney). J'aurai aimé voir un pays des merveilles étonnant en même temps qu'un peu inquiétant. Au lieu d'un Tim Burton je me suis retrouvé face à un banal Disney, avec ses codes et sa morale, et c'est ma foie bien triste. On retrouve quand même sa patte dans certains décors et certaines ambiances mais dans l'ensemble le film tient plus du Monde de Narnia que de Big Fish (que je conseille en revanche).