Quand la presse est globalement mauvaise et les avis, notamment senscritiquiens, grognons, voire carrément acerbes, ça rabaisse de facto le niveau d'exigence à ras le plancher. Et puis quand même, Tim Burton allié à son compère de toujours Johnny Depp plongés dans l'univers d'Alice aux pays des merveilles (angoissantes d'après le dessin animé), ça suscitait quelques espoirs.
Et bien non. Cet Alice au pays des merveilles, nous présentant une gamine qui a grandi depuis sa première visite mais (comme c'est commode) a tout oublié, retourne au pays des merveilles cassées. L'univers bigarré du dessin animé a disparu pour laisser place à des couleurs fades, froides, des décors où seuls les courants d'air font figuration. Les personnages sont plats comme des limandes (à l'exception du chat qui m'a bien plu), Johnny Depp fait bien quelques efforts, mais tout est trop mal écrit pour que ça devienne agréable.
De toute façon un scénario qui cumule amnésie et prophétie (les deux piliers d'une narration balisée et poussive), ça ne pouvait pas marcher. Transformer l'univers d'Alice au Pays des Merveilles en un ersatz délavé d'Heroic Fantasy, c'est l'idée parfaite pour briser l'ambiance, bafouer l'héritage, couler le film.
Bon sang, même Danny Elfman n'a pas réussi à composer une mélodie accrocheuse. Quel affront. Ensuite la réalisation est bien sage mais pas immonde, les effets spéciaux ne bavent pas, [insérer un troisième point positif quand j'en trouve un], ça se regarde jusqu'au bout, mais préparez vous à lâcher quelques sonores soupirs d'agacement et d'ennui mêlés.