Rémi Fossadier, Clara Perrin, Eugène Katzipan et Etienne Udon retracent dans ce petit opus l'histoire de la Révolution d'Octobre de 1917 sous l'angle de l'enjeu sanitaire. Une révolution entraînant par essence de grands bouleversements, c'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit d'une révolution prolétaire où ouvriers et paysans prennent le pouvoir (à part la Commune de Paris, du jamais vu). L'ordre des choses étant déstabilisé, il faut tout reconstruire, ce qui ne se fait pas sans expérimentations et échecs. Mais aussi des réussites, notamment pour ce qui touche l'hygiène. La Russie étant alors au niveau - 20 de l'hygiénisme, on peut dire que les bolcheviques ont eu du pain sur la planche pour assainir et structurer des solutions.
L'ignorance, les us quasi moyenâgeux et les conditions de vie et de travail du peuple russe, libéré du servage seulement en 1861, étaient les principaux obstacles à cette tâche. De réelles innovations ont été entreprises, d'abord par enjeu politique puisque l'Armée Rouge devait absolument enrayer les épidémies pour espérer asseoir la domination prolétarienne.
Cet essai est intéressant ; il remet en mémoire les faits historiques majeurs et explique les processus d'amélioration de la santé avec un sentiment "national" neuf.
Je ne connaissais pas l'éditeur "Les bons caractères" mais quelque chose dans le ton m'a fait tiquer et après m'être renseignée, j'ai découvert qu'il s'agissait d'un éditeur très engagé à gauche. Cela a expliqué mon impression de parti-pris durant toute ma lecture. Ca tape allègrement sur le bourgeois et le possédant, ça fleurte avec la subjectivité, avec un soupçon de parallèle complotiste avec notre époque et la gestion de l'épidémie de covid19. Ce ton m'a déplu mais cela ne m'a pas empêché de m'intéresser aux faits exposés.
Par contre, un vrai reproche : le livre contient quelques illustrations et cartes qui auraient quand même pu être imprimées en polychromie. Les affiches sont tristes et laides en noir et blanc, les cartes quasiment illisibles.