"Je certifie que cette mort est l'effet de ma propre volonté".
En rejoignant The Heaven, un club qui propose de se suicider ensemble, Kim Tae-Seong espère en finir avec sa vie misérable. Il a réchappé de peu à l'assassinat fomenté par ses propres parents, il a perdu la mémoire et survit depuis sa sortie de l'hôpital dans un bouge alloué par le gouvernement aux abords de Séoul en crevant de faim. La vie a perdu tout intérêt mais le courage lui manque et il se dit qu'avoir un petit coup de pouce serait le bienvenu. Promesse formulée par le site du Messie Han Dong-Jun. Mais à bien y regarder de près, cet ange de la Mort ne semble pas si bienveillant. Il serait même un peu psychopathe sur les bords. Alors mourir oui, mais pas comme ça !
Si la quatrième annonçait un roman assez drôle, c'est en réalité un roman noir, sombre, sale, cru et sanglant. Un bon thriller comme on les aime qui alterne le point de vue du personnage principal et celui du flic qui trouve assez étrange cette série de suicide collectif.
Un roman avec en bonus une vraie traduction comme je les aime : complète et descriptive. Un régal pour ceux qui s'intéresse un chouille à la langue ;).
Côté ambiance, on nage dans un Seoul crade, miséreux, qui pue l'abandon et la dépression. On parle suicide, pauvreté, logement insalubre, famine et corruption. Il règne une sorte de résignation, d'abattement sur les pages. On plonge avec les personnages dans leur désespoir, attachants forcément, comment ne pas compatir pour Kim Tae-Seong que ses parents ont voulu tuer ? Pour Min Seo-Ra victime d'un viol et Choi-Lin ado harcelée ? Des thèmes assez récurrents en Corée du Sud. Et lorsqu'une lueur de paradis étincelle, c'est pour nous entraîner encore plus loin en enfer : dans la perfidie humaine. Kim Tae-Seong s'en prend plein la gueule au sens propre comme au figuré, ne pensez pas bénéficier d'une quelconque accalmie, l'auteure nous trimballe de misère en coup bas jusqu'à la dernière page au rythme lent des polars coréens, au rythme lent de l'évolution psychologique de Tae-Seong, de sa prise de conscience, de ce qu'il souhaite être vraiment. Jusqu'au retournement inattendu, au twist final. Expression qui a dans le dernier chapitre, tous son sens.