Red is dead
Voilà un livre qui était entouré de très attrayantes et intéressantes critiques. Adapté en série, pour laquelle les critiques sont elles aussi élogieuses. Donc, emprunté à la bibli avec une grande...
Par
le 5 juin 2019
20 j'aime
1
Quand on est une grande lectrice et que pas mal de romans défilent entre nos mains, il y a les lectures paresseuses dont on lit certains passages sans être vraiment concentrée : celles dont on tourne les pages en avançant même si l'on ne saisit pas au vol chaque formulation...peut-être même que parfois, on saute un paragraphe parce qu'il nous parait long et lourdement descriptif. Et puis il y a les livres qui arrivent à nous captiver à un tel point qu'aucune phrase n'est mise de côté. Pire, on en relit certaine, on fait durer le plaisir. On ne veut pas en perdre une miette et la lecture devient une activité boulimique : inutile d'ouvrir ce roman si on est attendue à un entretien dans vingt minutes, on risque d'être coupée dans un si bel élan. Je crois que je n'avais pas vécu cette expérience de façon aussi importante depuis le polar La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker (que je conseille au passage) et ce classique de la littérature anglophone a merveilleusement bien vieillit. En le lisant, vous aurez entre les mains un roman d'anticipation qui n'a pas pris une ride, et c'est assez rare (et assez triste ?) pour qu'on saute dessus. Précurseur ? Oui...
Ecrit dans les années 1980 par Margaret Atwood, ce roman imagine une société dans laquelle le taux de natalité est au plus bas, et pour cette raison les femmes ont perdu leur libertés et leurs droits à la culture, au travail, à l'indépendance financière, etc...La sexualité n'est plus désir et érotisme mais seulement reproduction : hommes et femmes ne se touchent plus. Les femmes encore capables de porter un enfant ne sont réservées qu'aux hauts dignitaires, elles portent une robe ample qui ne dévoile rien de leur féminité et un voile qui doit leur éviter de croiser les regards. Elles sont en rouge, elles sont les servantes écarlates. D'autres femmes sont esclaves, certaines sont épouses de nobles mais vivent avec la honte de ne pas pouvoir enfanter. Cette république de Gilead fondée par des fanatiques religieux nous est décrite par une de ces esclaves sexuelles, Defred. Un roman descriptif à la première personne qui raconte à la fois cette vie austère mais également la nostalgie de sa vie d'avant, quand on ne lui avait pas encore enlevé sa famille et son nom, son travail et son engagement citoyen. C'est l'histoire d'une femme qui va se battre pour retrouver cette liberté et une société où elle puisse à nouveau exister en tant qu'individu.
Ce livre n'a pas un propos phare a présenter, il ne fait que brasser les questions qui planent encore et toujours autour des droits des femmes et de la sexualité. Il ne cherche pas à convaincre, il décrit, il pense. Le discours à la première personne est tout à fait adapté et est très efficace. Avec une froideur qui dérange ou beaucoup d'émotions, avec de l'humour parfois, Defred met en lumière sa situation tragique. Beaucoup d'échos avec les luttes actuelles, le thème de la femme objet qui dans ce cas là ne doit (même ?) plus être un objet de désir. En somme, ce livre nous montre à quel point les droits acquis peuvent être fragiles et il ne tient qu'à une situation de crise pour tout remettre en question. De la très bonne dystopie qui se lit vraiment seule, même si l'on n'est pas amateur du genre et dont on sort un peu plus vigilante.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Lectures et overdose de thé en 2017 et Top 10 Livres
Créée
le 13 juil. 2017
Critique lue 1.4K fois
3 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur La Servante écarlate
Voilà un livre qui était entouré de très attrayantes et intéressantes critiques. Adapté en série, pour laquelle les critiques sont elles aussi élogieuses. Donc, emprunté à la bibli avec une grande...
Par
le 5 juin 2019
20 j'aime
1
Ce livre n'a pas pris une ride : le monde démocratique révolu que décrit Defred est incontestablement le nôtre aujourd'hui. Quant au régime totalitaire qui s'impose pour elle au présent, il pourrait...
Par
le 9 mars 2012
17 j'aime
2
Le titre de cette critique résume parfaitement le livre : 350 pages de lamentations monotones et pseudo-philosophiques qu'Atwood a le mauvais goût de plaquer sur un arrière-plan vaguement SF sans...
Par
le 8 févr. 2011
17 j'aime
3
Du même critique
Il y a assez peu d'auteurs/dessinateurs de bandes dessinées qui pourraient se venter de réussir à me faire rire. Enfin, pas le sourire en coin du gag, non, je parle du vrai rire. Celui dont on peut...
Par
le 14 nov. 2017
24 j'aime
1
Il est de ces bandes dessinées que l'on peut feuilleter négligemment adossé à un coin de bibliothèque, pour picorer un sourire. D'ailleurs, la plupart du temps, ce sont des artistes qui ont un rythme...
Par
le 10 déc. 2016
24 j'aime
10
Etant une fan inconditionnel de la bande dessinée, s'il y a un jeu que j'attendais au tournant cette année c'était sans aucun doute Blacksad:Under the Skin. Le rendez-vous était pris depuis longtemps...
Par
le 18 nov. 2019
14 j'aime