La deuxième gorgée est toujours moins fraîche que la première

Après le triomphe inattendu de La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Philippe Delerm récidive avec un recueil de brèves nouvelles (deux ou trois pages en moyenne). Dans le même esprit, il traque certains minuscules événements du quotidien et tentent, en quelques mots, de leur donner par la poésie, l'humour, la tendresse, l'importance parfois démesurée mais indispensable que ces moments peuvent prendre dans nos cœurs ou nos mémoires.

Malheureusement, un phénomène extraordinaire se produit rarement deux fois au même endroit. La première gorgée de bière... touchait juste si souvent que cela en devenait miraculeux. Ici, Delerm peine à retrouver la même magie, la même grâce d'écriture qui, dans cet exercice singulier, fait toute la différence.
Certes, on se reconnaît facilement dans nombre de titres : "ce soir je sors la poubelle", "le oui oui au coiffeur", "vous êtes bien,là !", "donner sa place dans le métro"... On en devine le potentiel, on se régale à l'avance de la manière dont l'écrivain va sublimer ces expériences familières pour beaucoup de lecteurs. Mais, de superbe idée dans le précédent opus, le procédé devient exercice, un numéro de prestidigitation pas très réussi parce qu'on on en devine les trucs à l'avance.

Une relative déception, sans doute inévitable quand on a adoré La première gorgée de bière...