Parfois dénommé grand-père de la fantasy, ce livre est surtout un revival du roman arthurien. (et car bon, enfin, euh, y a pas de fantasy ici, faut arrêter de chercher des filiations sous tous les cailloux)
On a donc le chevalier tout gentil, tout naïf, partant du château en même temps que la fratrie pour sortir du nid. S’en suit cheminements sur les routes et les bois mal famés ; rencontre de demoiselles en détresse ; et quête vers la source du bout du monde, prodiguant sagesse et vie allongée.
- Et là où le livre réussit c’est cette pérégrination au gré des chemins et des pulsions du héros, et surtout cette ambiance un peu surréelle, inquiétante. Les forêts et manoirs sont lumineux mais peuvent basculer vers l’étrange, l’inquiétant, le maudit, sous un ciel menaçant et les figures de tyrants locaux.
- La quête est bien amenée aussi. Evoquée légèrement au début, elle devient l’obsession du héros progressivement (par la piste féminine), puis de mythe flou elle devient un périple au bout du monde captivant franchement bien relaté avec des images marquantes.
- L’itinéraire du personnage avant d’arriver à ce périple est tout sauf linéaire, changeant au fil des rencontres et de leurs récits. On découvre ce monde en même temps que le paladin. Les personnages sont nombreux, globalement intéressants, et les deux seuls personnages féminins sont attachants, notamment la première, figure très énigmatique dans un premier temps.
A côté de tout ça, restent :
- Le rythme. Il se passe toujours quelque chose, mais lentement. Je n’ai jamais eu envie de poser le livre, mais que les lignes s’avalent un peu plus vite. Car s’il y a peu de description de lieux/persos, la narration elle est détaillée et les répliques débordent un peu de mots. (comme ce bon ami dont vous aimez les histoires mais qui mets quinze plombes à conter avec des détails superflus).
- Le vocabulaire. Tellement passéiste le Morris qu’il écrit en vieil anglais (cas unique dans la littérature ?). L’exercice est intéressant et cela fait un bel objet de texte sur la forme, mais au final ça reste un exercice de style. Je n’ai pas vu de réel intérêt pour la lecture, et au contraire elle a souvent été fastidieuse pour la fluidité, même si on fait au bout d’un moment.
Toujours est-il qu’avec ces 2 défauts, j’ai un peu lu en diagonale les dernières pages, ce qui est dommage, normalement c’est toujours un petit plaisir la conclusion.
Toujours est-il que si la lecture n’est pas évidente, le voyage valait tout de même le détour.
VO (corsée !)