Ce court essai met en lumière un phénomène omniprésent, à savoir la domination grandissante de l'affectif dans la vie politique et le discours public.
Mais c'est aussi un livre résolument engagé contre le libéralisme et la mondialisation. La montée en puissance de l'émotion au détriment de la raison est dépeinte comme un calcul conscient de la part des dirigeants contemporains, d'où le terme "stratégie". Cette prise de position est impossible à prouver et pas forcément utile à la démonstration, car les arguments de fond sont solides par ailleurs. On peut s'interroger sur le choix de cette approche militante, qui fait l'effet d'un cheveu sur la soupe et qui risque de braquer certains lecteurs. Dommage, car le début du livre faisait un exposé clair et concis du phénomène, en dépit des quelques maladresses et exemples mal choisis. On préférera donc à ce livre l'une de ses nombreuses références, plus densément informatives et moins dogmatiques.