A l'ère des chaînes d'info en continu qui ressassent jusqu'à plus soif les mêmes commentaires qui n'apportent aucun éclairage sur l'évènement qu'elles sont censées couvrir, cet essai aurait mérité de sortir d'une certaine confidentialité.
Anne-Cécile Robert y déplore l'omniprésence du "lacrymal" dans notre société, ce aux dépens de la réflexion qui a le défaut d'être moins consensuelle. Et si cet état de fait relevait d'une stratégie des classes dominantes ?
C'est ce que la journaliste au Monde diplomatique s'efforce de démontrer dans un propos que de multiples exemples préservent de toute austérité. Ainsi l'émotion fait-elle de certaines victimes des héros alors que leur seul mérite a été de subir les évènements. Tel était le cas du capitaine Dreyfus à qui Zola, déçu par le personnage falot qu'il rencontra après son procès, demanda s'il était au moins dreyfusard. Un Dreyfus dont les cendres n'étaient pas loin d'entrer au Panthéon alors que celui qui avait dénoncé le complot ourdi contre le capitaine de confession juive, le lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart, aurait davantage mérité les attentions des panthéonisateurs.
Anne-Cécile Picquart ne fait pas plus dans le consensus lorsqu'elle nous appelle à nous interroger sur l'organisation de plus en plus fréquente de "marches blanches" ou sur les applaudissements qui accompagnent souvent désormais le passage du défunt dans son cercueil.
Un essai iconoclaste que je ne manquerai pas de relire tant il porte à la réflexion.