La Symphonie pastorale par Pascal Kir
Roman que l'on pourrait croire sans prétention à feuilleter au déboté ses 150 pages écrites en gros caractères (version folio, offert dans les années 70-80 dans les stations Total! eh oui: offert!) et pourtant voilà longtemps que je n'avais pas lu un livre qui sert à quelque chose; je veux dire: aussi bien qui m'emporte dans une atmosphère d'époque (fin XIXème vraisemblablement) et d'un milieu cloîtré (celui d'une famille villageoise toute rattachée aux "saintes" valeurs du protestantisme), mais aussi qui ne me laisse pas de m'émerveiller sur les opportunités, le bénéfice que l'on pourrait donner et même rendre à la vie si l'on était d'un meilleur esprit, c'est-à-dire bon, complaisant, reconnaissant, et tout à la fois enthousiaste parce que volontaire. "Aimer c'est agir", c'est le même sens que Gide donne ici de l'épitaphe d'Hugo à son devoir chrétien, celui du pasteur qui a recueilli la jeune aveugle et recluse, mais en plus il nous rend compte du bouillonnement de la vie qui peut se trouver dans l'esprit le plus humble et innocent. Les descriptions faites dirait-on à l'emporte pièce de cette jeune aveugle en ce qui concerne la nature qui l'entoure et l'irrise, le chant des oiseaux qui sont pour elle toute joie ou encore la musique qu'elle compare (grâce à son protecteur qui le lui a fait découvrir) à des couleurs irridescentes ou pastelles, tout renvoie à une poésie que l'on lit chez Giono, quand lui-même n'a jamais parlé en aveugle ! C'est beau la vie ! nous dit-on dans ce bref roman; profitez-en, louez-là, et soyez le plus humble possible envers elle pour qu'elle vous le redonne au centuple. Il s'agit de la rencontre avec la nature et toutes les forces vives qui en découlent, musique, couleur, gestes et impressions, avant tout bien sûr, et Genevoix n'aurais jamais fait mieux dans sa grandiloquence charabiante, mais aussi des émotions toutes simples, toutes humaines et naturelles en contradiction avec la morale religieuse; où l'on nous dit enfin de compte et pour toujours que la vertu est dans la simplicité, laquelle ne peut-être que meilleure en tout! Et de reprendre la parole christique glissée par Gide dans le roman: "Si vous ne devenez semblable à de petits enfants, vous ne sauriez entrer dans le Royaume". Alors oui, j'ai aimé ce petit manifeste à la vie et la pureté comme j'ai apprécié l'historiette qui nous est contée, avec un style, soigné, précis, rien d'ampoulé, qui il faut bien le dire, s'est largement perdu de nos jours dans des futilités du verbe abracadabrantes ou totalement désoeuvrées. Merci Gide pour ce roman, et maintenant j'ai hâte de lire 'Les Caves du Vatican' ou bien même Dickens que Gide nous invite par ailleurs à retrouver dans ce roman-ci, au travers du 'Grillon du Foyer' par exemple; à lire, certainement_