Une certaine Vera fait la une dans la toute jeune Tchéquie, en tant que medium se faisant dicter par feu Chopin des oeuvres d'outre-tombe. Le journaliste Ludvík Slaný mène l'enquête, épaulé comme Sherlock Holmes par un adjoint malicieux, ici son caméraman Roman. Se mêle à cela une rivalité avec son patron Novak, à qui il a piqué sa femme, ...femme qui le quitte à son tour. Slaný tend à la vieille femme d'extraction populaire moult pièges, mais aucun n'est probant : Vera semble bien se faire dicter de la musique par l'illustre compositeur. Dur à avaler pour le très cartésien Ludvík, qui va trouver là l'occasion d'accomplir un chemin personnel.
Tout cela occupe les deux premières parties, soit 80% du roman. La troisième partie est censée livrer la clef du mystère, et on est curieux de voir comment l'évidence qu'a imposée l'auteur va pouvoir être déjouée.
La réponse est "très mal". Lorsqu'on fait lambiner le lecteur avec de multiples pistes qui n'aboutissent pas, il faut que le dénouement soit à la hauteur. Comme dénouement, on ne dénoue pas grand chose : Slaný délivre un discours sur l'humilité face à ce qu'on ne connaît pas, la perception extra sensorielle et plus globale que doit avoir la fameuse Vera. Un truc beaucoup trop fumeux pour les spectateurs du journal que dirige Novak : le docu sera réduit de moitié. Peut-être une aussi sage décision eût-elle dû inspirer Eric Faye ? Son roman n'est pourtant pas abusivement long, il se lit même assez bien, mais avec un intérêt tout de même assez modéré. Un vrai twist final, à défaut de le classer dans les grandes oeuvres littéraires, en aurait au moins fait un polar culturel.