Apres les commerçants, les hommes de religion, les mineurs, les peintres et j'en passe, c'est au tour du monde paysan de passer à la moulinette Zola.
Ces paysans assoiffés de propriété terrienne, qui ne l'obtiennent que pour mieux la diviser à leur mort, seul moyen de redistribution que certains ne se priveront pas de hâter. Ce monde clos où tout le monde est à la fois membre de la famille, voisins et très souvent ennemis. Le livre ne nous épargnera aucun détail, très féroce dans toutes ses descriptions, n'hésitant pas à revenir plusieurs fois par chapitre sur les flatulences de l'un, où la toison pubienne de l'autre. Ca fait vraiment plaisir de voir Zola se lâcher comme ça, et étonne encore une fois par sa modernité de ton pour un livre du XIXeme siecle.
La lutte pour la terre occupera donc quasiment tout ce volume, sur fond de crise des prix (vaut-il mieux affamer les paysans pour nourrir les ouvriers ou détruire les profits industriels pour resolvabiliser les agriculteurs, et quid de l'arrivée de la concurrence étrangère...), de crise politique et de crise de foi.
La famille Fouan assure le show, étant tous plus horribles les uns que les autres (même la plus innocente d'entre eux a sa part d'ombre). Quand on voit que c'est un Macquart qui tient le rôle du "gentil" on comprend vite qu'on va avoir le droit à une belle bande de salopards comme Zola sait si bien les écrire (avec sa petite dose classique de croqueuse de diamants, sacré Emile).