La terre et le sang par Charlotte Brontë
"Un couple qui a quitté la France entre dans Ighil-Nezman, un misérable village comme il y en a tant sur les crêtes du haut pays Kabyle. L'espoir d'une existence neuve a poussé au départ ces époux : Marie, jeune Parisienne que la vie a meurtrie, et Amer qui revient vivre parmi les siens. Marie mènera une vie paisible de reclue enviée. Amer s'éprendra follement d'une autre femme. Et la tragédie se nouera, violente, sauvage, dans le décor de ces montagnes peuplées d'hommes rudes et fiers, au coeur de ce monde berbère qu'ignore l'Europe, et dont Mouloud Feraoun nous révèle la vie la plus secrète."
Comme souvent une quatrième de couverture qui ne rend pas du tout honneur au contenu de l'oeuvre. Une description tout en exagération qui dénature le propos de ce livre qui ne tend absolument vers la tragédie, et qui traite le sujet du retour à la terre natale bien loin des clichés suggérés ici. L'évitement de ces clichés est justement ce qui fait la force du roman de Feraoun. Amer, le protagoniste, n'a rien du fils prodigue, puisqu'il revient au pays après avoir passé des années en France dans l'oubli et le reni de la famille qu'il a laissée derrière lui. Dans ce roman donc pas de ces longues tirades lyriques sur l'exil tant attendues.
Ramenant de France une parisienne pour compagne, l'arrivée de celle-ci au coeur du village ne fait cependant pas bifurquer l'oeuvre vers un regard plein de curiosité et de condescendance française vis-à-vis du peuple kabyle. Il y a certes pauvreté mais la fierté et la dignité du peuple kabyle nous tiennent bien loin du misérabilisme et du pathétique. Mouloud Feraoun adopte pour se roman un point de vue omniscient mais partial, au travers de ce "nous" du village, qui permet au récit de nous faire entrer dans les pensées de tout un groupe d'habitants et de nous faire ainsi découvrir la culture et le mode de vie kabyle à travers une série de portraits contrastés, au sein de personnages complexes qui ne sont jamais réduits à une condition sociale et à une revendication. La narration entremêle vie privée et vie publique, la hiérarchie du village pouvant être bouleversée par l'union ou la séparation d'un couple.
Ce que l'on retient de ce roman, ce sont surtout ces portraits de femmes kabyles, qui même en nous laissant entrer dans leurs pensées restent toujours impénétrables, tantôt soumises tantôt indépendantes, fières et colériques, jalouses mais généreuses.