La Tête en friche par BibliOrnitho
Germain Châze est quelqu’un de simple. Pas très malin. Un peu simplet. Un grand naïf, attachant, volontiers blagueur. Il vit dans une caravane sise au fond du jardin de sa mère. Sa mère qu’il ne supporte pas. Sa mère qui ne l’a pas aimé et pas vraiment élevé.
Germain Châze sait à peine lire (mais de toute façon il ne lit pas), à peine écrire. Il faut dire que personne ne s’est jamais donné la peine de l’éduquer autrement que par des coups et des brimades. Il aurait toutes les raisons d’en vouloir à la terre entière, pourtant, il est gentil. Il travaille un peu (les boulots pénibles que les autres refusent). Suffisamment pour ensuite toucher le chômage et avoir du temps pour les activités réellement importantes : compter les pigeons dans le parc et inscrire son nom au marqueur indélébile sur le monument aux morts de la guerre d’Algérie.
C’est au parc justement qu’il fait la connaissance de Margueritte, une vielle dame toute menue dont les pieds ne touchent pas le sol lorsqu’elle s’assoie sur un banc. Margueritte est différente des « autres ». Elle ne prend pas Germain de haut et parle d’emblée avec lui d’égal à égal. Pourtant, elle est très cultivée, très instruite. Elle a beaucoup voyagé. Beaucoup lu. Mais Germain, qui l’a arraché à sa solitude, lui plait immédiatement. Un intérêt réciproque à l’origine d’une grande amitié qui va bientôt lier ce couple disparate. Amitié née de l’exclusion et confortée par la littérature et les livres que Margueritte lui lit à haute voix : Germain découvre un monde dont il ignorait tout et qui le fascine dès les premières pages.
La tête en friche est un livre agréable. Un livre dont la lecture caresse le moral dans le sens du poil. Qui donne du baume au cœur. Une écriture simple qui m’a rappelé celle d’Anna Gavalda. Une écriture vive dans laquelle les dialogues abondent, pleine d’humour et d’ironie. Et de poésie. Et de tendresse.
Un bon moment de lecture.