Sans doute plus connu par le long-métrage d'animation qui lui a été consacré, La Tombe des lucioles est à l'origine une nouvelle de Akiyuki Nosaka, que l'on retrouve dans une édition Picquier poche, accompagnée d'une autre nouvelle nommée les algues d'Amérique.
La Tombe des lucioles narre le destin funeste de deux enfants lors de la seconde guerre mondiale, obligés de se débrouiller (plus ou moins) tout seuls suite au décès de leur maman lors d'un bombardement.
Récit résolument triste, sec dans sa narration, déconcertant dans son style basé sur beaucoup d'argot, l’œuvre de Nosaka bouleverse même si, pour une fois, je trouve que l'adaptation transcende son aïeule et la sublime. Ici on l'a dit le style pourra surprendre, parfois déplaire tant par sa concision que par ces expressions qui transcrivent pourtant parfaitement le langage de deux jeunes enfants. Difficile de reprocher cela à l'auteur japonais qui a sans doute fait le bon choix même si cela peut bizarrement nuire à a son œuvre surtout en comparaison avec le film.
C'est là finalement toute la problématique de La Tombe des lucioles, pour peu que l'on accorde au film le statut de chef d'œuvre, il devient difficile pour le lecteur de trouver le même écho (en tout cas pas avec la même intensité) dans le livre.
La deuxième nouvelle ne connait pas la même situation conflictuelle. Les algues d'Amérique raconte les déboires d'un couple de japonais qui accueille chez eux un couple d'américains après que Kyoko, l'épouse de Toshio ait bénéficié de leur hospitalité lors d'un séjour à Hawaï. Mais les américains prennent un peu trop leur aise au goût leurs hôtes et ces derniers vont vite déchanter.
Ici Nosaka dépeint la différence culturelle entre les japonais et les américains, les conflits que cela peut engendrer dans une période d'après guerre entre japonais timides, respectueux et ces américains sans gène, à l'aise partout comme chez eux. Ils distribuent leurs chewing gums, les japonais sont partagés entre admiration et rage à l'image de Kyoko qui veut faire bon accueil, a été séduite dans un premier temps, veut qu'on leur parle anglais, veut faire des efforts mais va vite se lasser de leur présence imposante et de leur manque de considération.
La jalousie s'en mêle, la différence de taille aussi , et Nosaka parvient à tirer de tout cela un récit intéressant, symptomatique d'un conflit qui tire sa source d'évènements passés, de mœurs trop éloignées et d'une incompréhension qui peut vite virer à la "rage désespérée".