S’il y a bien une chose qui me fait sortir d’un film ou d’une histoire, qui me fait bouillir les veines, c’est de voir surgir, au détour d’une page ou d’une scène, une ou des allusions plus ou moins bien cachées à la religion, Dieu et tout le bastringue. Qu’un film ou qu’un livre parle de religion, je peux l’accepter, à condition que ce soit spécifié dès le début. Par contre, que ça déboule comme un chien dans un jeu de quilles sans que le spectateur ou le lecteur soit prévenu avant, c’est non. Et c’est malheureusement ce qu’il s’est passé avec ce tome 2 de M. Pullman (il y avait déjà des sous-entendus peu discrets dans le tome 1 mais son successeur sort carrément les pancartes).
Et c’est dommage. Dommage car le récit fourmille de bonnes idées (les mondes parallèles, l’aléthiomètre, les daemons, la guerre imminente, etc.), de bons personnages (Mme Coulter, Lee Scoresby, les gitans ; même Lyra est plaisante à suivre malgré ses facilités, qui s’atténuent cependant dans le tome 2) et il jouit également d’une forme d’écriture agréable à lire. Le second volume acquiert même cette note plus sombre qui faisait défaut à son prédécesseur et, bien que bon nombre de passages soient encore sciemment censurés pour que le livre reste accessible aux plus jeunes (la tension, l’appétit ou l’acte sexuel en lui-même sont seulement sous-entendus), il y a désormais des morts en pagaille, plus ou moins détaillées.
Sauf que voilà, au milieu de tous ces bons points – qui auraient pu donner un 8 à cette œuvre – il y a l’apparition des anges, l’évocation de la Bible et, pire que tout, les révélations sur le destin de Lyra et Will. Et là, je dis non ! J’étais partie pour m’embarquer dans un univers fantastique, avec son lot d’inventions géniales et de créatures extraordinaires, pas pour lire le Nouveau Testament version marmot. Et même si le livre présente une nette tendance « tuons Dieu le père », ça ne m’empêche pas de ressentir un désagréable arrière goût à la lecture des derniers chapitres. Créer autant de belles choses pour… ça ! Quel gâchis ! Sincèrement, ça me déçoit profondément, d’autant plus que le reste du récit est bon.
Je laisse néanmoins le 6 pour toutes les choses positives évoquées au-dessus et je laisse une chance au troisième tome de remonter la pente, mais il est possible que la note moyenne de cette trilogie chute drastiquement.
PS : il semblerait que Pullman soit coutumier du fait (lier l'Eglise à ses récits), ce que j'ignorais.