Une histoire de cerveaux

Voilà un roman leste. On y boit beaucoup ; des bières sans nombre mais aussi beaucoup de shots aux noms insolites : Bazooka, Orgasme, Blow Job, ou des cerveaux (schnaps aux pèches, Baileys, grenadine).
Il y est aussi beaucoup question d'activités sexuelles aussi nombreuses que variées.

Marie-Eve THUOT nous entraine dans les histoires compliquées d'une famille très recomposée. Les quatre frères ou demi-frères ont des appétits charnels débordants sauf Xavier très différent de son ainé Zack et de son cadet Louis.
Xavier a vécu des chocs psychologiques importants dans son jeune âge puis une histoire qui s'est très mal terminée. Il en est resté paralysé devant les relations sexuelles et s'est réfugié dans un boulot de barman dans une boîte de nuit où il sert jusqu'à trois heures du matin des consommations alcoolisées à des clients qui ne le sont pas moins et à "des filles aux yeux vides qui essayent de le séduire et de l'emmener après la fermeture". A 35 ans, avec 1 mètre 95, il est très beau garçon mais incapable de repousser des quasi-adolescentes enivrées.
Un soir peu avant la fermeture, une fille commande trois cerveaux. Elle a les cheveux rouge vif et un curieux tatouage sur la main. Xavier est fasciné Il découvrira qu'elle est gravement mythomane ce qui n'enlèvera rien à sa passion.
Ce premier roman québécois enchevêtre à plaisir les histoires des différents membres de la famille. On y suit Charlie, la femme de Zack avec qui elle forme un "couple ouvert" ce qui signifie que chacun multiplie les aventures de son côté ; et Charlie est particulièrement avide d'aventures diverses et notamment avec ses jeunes élèves.
On remonte très loin, en 1899 un prêtre se voit contraint par son évêque d'héberger pour cause de grossesse une femme qui décide de lui raconter en confession et en détail six péchés charnels impliquant chacune un homme différent. Jour après jour, jusqu'à son accouchement, elle enrichit son récit jusqu'à 952 hommes. Le prêtre est ébloui et transformé. On découvrira que le rejeton se rattache à la famille.
Tout cela, aux allures de fables, est raconté avec beaucoup d'humour et de distance. On y traite au passage de l'indépendance du Québec ou de l'esthétique du Taj Mahal mais beaucoup de la procréation et surtout de coucheries, de relations sociales.
C'est peut-être un peu long mais un vrai plaisir de lecture. Lu en France, on y entend un peu l'accent québécois qui agrémente le récit.