J'abord Peter MAY, dont on me dit beaucoup de bien, avec ce roman écrit en 2018.
L'auteur y fait vivre avec beaucoup de présence les paysages âpres de iles Hébrides extérieures. La mer, le vent, la pluie mais aussi les moments de soleil et de ciel pur, les aurores boréales.
On voit la côte abrupte couverte de varech. On entre dans ces minuscules hameaux de quelques vieilles maisons où on continue, sur de vieilles machines à tisser le tweed tant prisé par les tailleurs de Londres et du monde entier.
Niamh (prononcer Nive) est amoureuse de de Ruairidh depuis leur plus tendre enfance lorsqu'il lui a sauvé la vie alors qu'elle allait s'enliser dans un trou de tourbe.
Lorsque peu après leur mariage, il lui a proposé de racheter avec ses indemnités de licenciement, l'entreprise Ranish Tweed qui fait une étoffe des plus légères avec de la laine d'agneau et du cachemire, elle n'a pu qu'accepter avec beaucoup de réticence.
Un chapitre sur deux est à la première personne. C'est Niamh qui raconte le développement du projet mais, bien avant, toutes les étapes de leur enfance et de leur jeunesse avec des drames et des moments de grand bonheur ; avec les jeunes de l'ile, avec sa meilleure amie et rivale.
Au début du roman, après une scène de ménage, Ruairidh explose dans une voiture place de La République à Paris sous les yeux de sa femme. Ils étaient venus à Paris pour participer au salon Première Vision qui est le grand marché international du tissus.
L'enquête policière n'intéresse personne. Ni l'auteur qui y multiplie les invraisemblances. Ni la police française dès qu'elle a acquis la conviction qu'il ne s'agit pas de terrorisme.
La police met sur le coup le lieutenant Sylvie Braque qui se retrouve sur cette improbable ile d'Ecosse d'où elle doit gérer la garde de ses jumelles (il paraît qu'elle les confond) et son ex qui veut lui en faire retirer la garde.
Tout cela est raconté avec beaucoup de vivacité et d'empathie. On y rencontre des personnages nombreux, divers, hauts en couleurs.
Quant à en faire un roman policier c'est beaucoup moins convaincant. On ne s'intéresse vraiment à la résolution du crime que dans les dernières pages où tout est expédié dans une scène de grand guignol gaélique qui laisse assez septique.
Agréable à lire cependant.