La Trilogie berlinoise par Pelomar
C'est par là qu'il faut commencer avec Phillip Kerr. La Trilogie Berlinoise, c'est trois romans racontant les aventures du détective privé allemand Bernie Gunther juste avant ("L'été de Cristal"), pendant ("La pâle figure") et juste après ("Un requiem allemand") la Seconde Guerre Mondiale. Chaque roman à son ambiance particulière, ses thèmes privilégiés, mais les trois tiennent remarquablement bien ensemble (je ne sais pas si c'était initialement prévu comme une trilogie ou si c'était juste une action marketing, mais ça marche bien).
Bernie Gunther n'est pas un personnage très original. C'est le cliché du privé, un type cynique, talentueux mais blasé, qui sait résoudre des enquêtes, se battre et vider des verres d'alcool. Un type déprimé évidemment. Bernie Gunther n'est pas très original, mais qu'est ce qu'il est bien écrit. Et on se rend vite compte que son caractère, loin d'être un archétype, n'est que le reflet de ce qu'il a vu et de ce qu'il continue de voir au travers des bouquins. Pas étonnant à ce titre que le dernier roman soit aussi le plus sombre (la période de Bernie pendant la guerre est soigneusement éludée, ne laissant que quelques évocations d'une participation aux SS sur le front de l'est...), quand on voit ce que notre enquêteur bouffe tout au long des trois histoires que constituent cette trilogie.
Mais évidemment, ce qui rend cette trilogie Berlinoise si excellente, ce qui la détache de la masse des polars, c'est la reconstitution de la vie allemande sous le régime nazi. C'est tellement bien foutu que j'en suis tombé des nues en apprenant que Kerr était britannique: vu les tripes avec lequel c'est écrit, j'étais vraiment parti du principe qu'on avait affaire à un allemand. Du fonctionnement de la police à la vie berlinoise sous le joug nazi en passant par Berlin sous occupation soviétique, tout parait authentique et vrai. C'est... un incroyable boulot, et au final une ambiance glauque fascinante.