La Triste Fin du petit Enfant Huître et autres histoires par Le Blog Du Cinéma
Le nom de Tim Burton nous évoque un univers particulier caractérisé par ses aspects lugubres, poétiques et drôles à la fois. Si nous le connaissons bien à travers ses films, il serait navrant de se contenter de cet aspect là de son œuvre. La triste fin du petit enfant huître est un recueil de poème écrit par Tim Burton en 1997 (paru en France en 1998). L'édition française a le mérite d'être bilingue, avec une mise en page soignée et surtout les dessins originaux de Tim Burton. Il ne faut pas oublier qu'il a débuté sa formation dans une école d'art avant de travailler brièvement chez Walt Disney. Sans aucun doute, la fable et le dessin font partie de Tim Burton.
A travers ce recueil de poème Tim Burton reste très fidèle à sa personnalité. Il y aborde principalement le thème de la marginalité. La plupart, sinon tous, de ses personnages sont des enfants différents, rejetés, au destin tragiquement drôle. Chaque fable est autant de déclinaison du vilain petit canard à la saveur de Tim Burton. Et lorsqu'il ne s'agit pas d'une histoire d'un enfant rejeté pour sa « monstruosité », il s'agit de découvrir une histoire d'amour impossible entre deux êtres bien trop différents, comme celle de la brindille et de l'allumette. Difficile alors de ne pas se souvenir des contes des Frères Grimm qui ont bercé notre enfance.
Tim Burton ne s'attarde pas sur les histoires. La narration est légère, anecdotique sans pour autant être superficielle. Il n'a gardé que le plus essentiel pour que ce recueil de portraits soit d'une pureté envoutante. L'univers de Burton est tout autant agréable à lire qu'à voir. Les enfants y sont à l'honneur : des enfants rejetés, différents, aimants mais toujours seuls. Sur chacun d'entre eux plane une épée de Damoclès. Heureusement l'humour noir semble apaiser les atrocités évoquées par le livre. Nous rions et nous frissonnons. C'est à la fois magnétique et angoissant. Ce recueil est un véritable hommage aux marginaux dont Tim Burton à peut être fait partie lui même. En tout cas, l'affection qu'il porte à ses personnages est palpable.
Malgré la poésie de ces textes, ma préférence se tourne vers les dessins de Tim Burton. Les personnages, fins et élancés, rappellent ceux de L'étrange Noël de Monsieur Jack, long-métrage inspiré notamment d'un poème de Tim Burton écrit en 1880 (Christopher Lee a par ailleurs prêté sa voix pour lire le poème original dans la cadre d'une magnifique vidéo). Le trait est nerveux et rapide. Les dessins ne sont parfois qu'à l'état de croquis mais le résultat est tout simplement harmonieux. De même, la mise en page raconte à elle seule une histoire, car elle rythme parfaitement la lecture. Certaines pages respirent et nous offrent du blanc. Un vide nécessaire à l'appréhension de l'histoire.
Rappelons que ce livre nous propose une version bilingue des textes. Pour ceux qui ont quelques notions d'anglais, il sera fort agréable de livre la version anglaise pour approcher au maximum de l'univers de Burton. La traduction française prend malheureusement parfois trop de liberté. Dans tous les cas, la découverte de ces personnages est un véritable plaisir. Il est difficile de terminer ce livre. Mais heureusement, l'un des personnages, l'enfant tache, est devenu un personnage récurent de plusieurs court métrage de Tim Burton (voir ci-dessous). Impossible de se défaire du monde d'un véritable créateur.
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