Je ne me suis jamais sentie mal à l'aise en lisant un livre, mais "La vacation" de Martin Winckler était un véritable problème. En fait, je ne m'attendais pas du tout à "ça" en lisant les premières lignes de ce livre. Il peut s'avérer dérangeant, mais excellent.
Nous suivons Bruno, un jeune médecin, dont le rôle est de pratiquer des avortements. On parle ouvertement de l'IVG et cela peut susciter différentes émotions. Elles sont variables au fil de la lecture, parce que nous pouvons être homme ou femme, le vouloir ou pas, qu'on ait subi un avortement comme être stérile, ce sujet reste dur à aborder sur un bout de papier, mais Martin Winckler n'a pas prit des gants pour briser la glace : "J'ai très envie de vous poser une question mais je ne sais pas si je peux. Allez, qui s'est envoyé en l'air hier soir ?"
La vacation est abordée d'une façon clinique. Il manque terriblement de compassion, ou ce qu'on appelle l'amour pour son prochain, et c'est un plat froid, des mots glacials, qu'on vous impose au menu du jour. On ressent l'expérience, le vécu, pour maintenir une distance forcée entre la patiente et le vacataire avec précision, de Martin Winckler lui-même. Il décrit ces scènes d'avortement avec la dure et chienne réalité de ce monde, on se prend un énorme coup dans le ventre et une claque dans la gueule. On se rend compte qu'être de l'autre côté en tant que vacataire comme patiente, ce n'est pas plus avantageux. Pour une fois, il n'y a pas de bon rôle, ni de mauvais rôle...
C'est la vie.
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