Ce roman ce n’est pas une histoire mais une constellation de morceaux de vies… Et quelles vies ! Pierre Raufast possède un réel talent de conteur comme le prouve les récits de Florin.
Florin c’est un papi qui vit seul. Son quotidien va être bousculé par deux parisiens qui louent cet été-là, le gîte qui surplombe sa maison. C’est d’abord Pascal, le prof de philo qui tisse des liens avec lui. C’est vrai que tous les deux ont un point commun : ils fument la pipe. Et ça, ça rapproche ! Puis il y a la jeune Margaux, pas tout à fait dix-huit ans que Pascal a emmené dans ses valises. Ces deux-là cachent des secrets, des blessures et Florin va leur raconter ses multiples vies entre deux canon de rouge et de bons petits plats devant une piscine transformée en jardin. Ses souvenirs, il les gardes en bocaux. Ses souvenirs, ce sont ces petits cailloux qu’il conserve classés comme des grands crus. Celui-là raconte comment il a perdu la mémoire, un autre une histoire d’amants maudits ou encore le récit tragique d’un village noyé par la pluie. Le lecteur pourra y rencontrer un potier multilingue qui voulait faire parler les œuvres de ses aïeux, un réseau de contrebande dans un cimetière, en passant par le grand écrivain Borges. Une palette de personnages hauts en couleurs qui semblent tout droit sortis d’un magasin de curiosités.
Il y a dans « La variante chilienne » du suspense, un air de conte africain parfois, mais aussi des touches de thriller, ou encore de vaudeville.
On ne classe pas un roman pareil. On le lit, on se régale avec chaque anecdote, même les plus lugubres, on sourit, on s’étonne et on écoute Florin nous raconter ces histoires, son histoire. On est à côté de Pascal et Margaux et on lui prête une oreille attentive. Autant vous dire que les 257 pages s’avalent d’un trait comme les bouteilles que Pascal et Florin s’envoient tout au long du roman.
Je vous assure que dans ces histoires là il y a des pépites et même un diamant.